Réunion la 1ère
On y est.
Malgré de multiples alertes, la politique d’économies démentes lancée contre la rédaction de Réunion La 1ère obtient ses résultats : tout s’écroule.
Comme un cancre qui essaye de sauver son année scolaire au mois de juin, la Direction a promis qu’elle remplirait bien tout son cahier de vacances. Résultat à la fin des congés : le cahier est rempli, mais de mauvaises réponses.
On a peine à croire que le cabinet d’audit ait pu conseiller à notre aréopage péi de viser la rédaction pour présenter à la rentrée des comptes plus acceptables.
Aucune entreprise sensée ne détériore la qualité de ses produits pour en vendre plus.
Pourtant, en juin, dans la panique d’une campagne législative aussi imprévisible que ses coûts, nos dirigeants ont pris la décision de (continuer à) se tirer des balles dans le pied.
Sans concertation, d’officieux “gabarits” intenables du nombre de journalistes quotidien (minimaliste) par média ont été établis pour tenir la “ligne” : recours aux pigistes plus réduit que jamais (avec perspective pour eux de devoir se contenter de jours saupoudrés jusqu’à la fin de l’année, merci !), non-remplacement des absences imprévues qui viendraient s’ajouter au nombre hallucinant de journalistes déjà manquants. Souvent la conséquence d’avoir trop tiré sur la corde.
Dans ce contexte, la Direction n’a qu’une chose à la bouche : La “réforme de l’info”. Mais elle ne veut en prendre que la partie “mutualisation”. Preuve qu’elle n’a rien compris à son esprit.
En pratique, alors qu’internet devait devenir la plaque tournante du système, voilà son effectif réduit à un seul journaliste, sans supervision ni orientation éditoriale. Pas de miracle, le nombre de visites s’effondre. Le SNJ invite la direction du pôle outremer à consulter les chiffres. Ils font peur. Mais ce n’est pas le seul fracas.
En radio, après des mois de système D et de rustines, toutes les bonnes volontés sont usées. Le média n’arrive plus à proposer que des ersatz de rendez-vous d’info. C’est, pour l’essentiel, du remâché de la télé de la veille. Dans le – très rare – meilleur des cas, une déclinaison avec montages et lancements laissés aux bons soins des petites mains. Une bien vieille conception de l’info “à 360°”. Et au niveau du moral, c’est “Patatra !”. Les J.O. ont été d’un secours éphémère, l’arbre pour cacher les coupes claires dans la forêt.
Ceux qui protestent s’entendent répondre qu’il est interdit désormais de raisonner en médias séparés… mais que, quand même, c’est la faute des équipes télé : elles refusent de jouer le jeu. L’entrain n’est pas toujours là, peut-être. Mais qui s’est chargé de le susciter ? La rédaction-en-chef fonctionne toujours en concurrence, quel exemple !
Faut-il, enfin, avoir la cruauté de rappeler que pendant les vacances, la matinale radio, réduite à sa plus simple expression, n’est plus filmée ? Comme au bon temps où la concurrence télé ne proposait rien en face. Comme si “hors période médiamétrie” l’info pouvait se mettre en pause et comme si nos publics allaient aimablement aller voir ailleurs pour mieux revenir.
Après avoir tout cassé, la Direction va-t-elle trouver l’audace de nous souhaiter une bonne rentrée ?
La Réunion, le 14 août 2024