Collaborations extérieures :
la fin des « petits arrangements » ?

Dans un communiqué interne diffusé vendredi 24 mars, la direction annonce « la dématérialisation des demandes de collaborations extérieures »

En clair : les salariés souhaitant travailler, intervenir ou enseigner à l’extérieur de France Télévisions (entreprises, organisations, établissements scolaires…) devront désormais effectuer leur demande d’autorisation sur une plateforme dédiée, via l’intranet. 

Moderniser la procédure ? Pourquoi pas ! Mais pour le SNJ, c’est surtout d’équité et de transparence dont nous avons besoin. En matière de collaborations extérieures, France Télévisions manque souvent de rigueur. 

Les collaborations extérieures des salariés de France Télévisions ont été encadrées en 2011 (accord journalistes) puis en 2013, dans l’accord collectif signé par l’ensemble des syndicats représentatifs au niveau de l’entreprise. 

Dix ans après, quel bilan tirer de ce dispositif ? 

Concernant les journalistes, le texte prévoit de réunir deux fois par an une commission de suivi « déontologie et principes professionnels ». La direction doit y présenter aux représentants syndicaux un état des lieux des collaborations extérieures du dernier semestre. 

Si la commission de suivi « déontologie » existe bel et bien, et traite des dizaines de situations chaque année, l’examen des collaborations extérieures est souvent partiel.

Par manque de temps, certes, mais surtout par manque d’informations complètes : régulièrement, des « ménages » notoires disparaissent des listes communiquées aux syndicats, laissant planer le doute sur la sincérité des déclarations de la direction. 

Nous ne sommes pas dupes, les « petits arrangements » n’ont pas disparu depuis l’accord d’entreprise de 2013. Trop de directions locales s’accommodent encore d’entorses à nos règles déontologiques. Des collaborations extérieures théoriquement interdites par l’accord collectif sont parfois autorisées, le plus souvent tolérées. Une complaisance qui entache le devoir d’exemplarité du service public, et jette parfois le discrédit sur des rédactions entières. 

Pourtant, nos textes sont clairs : « le journaliste doit s’assurer que la collaboration envisagée ou l’existence d’intérêts croisés, ne mettent pas en cause son indépendance et sa crédibilité » (page 173 de l’accord collectif). 

Concernant le « mediatraining » d’hommes politiques ou de patrons d’entreprises, par exemple, pas de doute : c’est strictement interdit. Et ces règles s’appliquent à chaque journaliste, tant qu’un contrat de travail le lie à France Télévisions. Un congé sabbatique, ou un congé sans solde de circonstance, n’exonère pas la direction de ses responsabilités, et ne permet pas à un journaliste de piétiner l’éthique professionnelle. 

Nous verrons à l’usage si cette nouvelle plateforme s’avère un outil efficace pour faire appliquer nos textes conventionnels et les règles déontologiques en vigueur à France Télévisions. A minima, les bilans semestriels devraient être plus complets et plus précis…

Un bon début, mais ça ne suffira pas ! 

Par ailleurs, sans mettre en doute le sérieux de la direction de la conformité, de l’éthique et de la déontologie (en charge de cette plateforme), il est indispensable que des journalistes de la direction de l’information exercent un contrôle des collaborations extérieures de leurs pairs.

Au-delà de cette dématérialisation, l’urgence est bien l’harmonisation des pratiques dans les rédactions.

En matière de déontologie et d’éthique professionnelle, elles doivent respecter la rigueur, la transparence et l’équité. 

La direction doit mettre fin à l’opacité et aux « petits arrangements » qui ne servent que les intérêts de quelques-uns et peuvent parfois décrédibiliser le travail de tous.

Paris, le 30 mars 2023

CSE réseau régional des 22 et 23 mars 2023 : notre compte-rendu

Un CSE réduit à une seule journée en raison de la mobilisation contre la réforme des retraites suivie par tous les élus.

L’instance s’est penchée sur le budget 2023 du réseau, puis a tenté de démêler les circonvolutions de l’équipe Tempo avant de débattre du rapport d’expertise pour danger grave à France 3 Côte d’Azur, ce qui n’augure pas un printemps radieux.
Voir ici notre liminaire.

Pour répondre aux différents préalables, le Directeur du réseau a martelé son soutien aux équipes de France 3 agressées sur le terrain, comme récemment à Nice.

Cependant, Philippe Martinetti ne s’est pas engagé à porter plainte systématiquement et notamment dans ce dernier cas où les violences ont été exercées devant des élus niçois par la police nationale.

Résultat : les journalistes ne se sentent pas toujours protégés par une direction qui tarde à réagir comme ce fut le cas pour l’agression de nos confrères par des policiers niçois.

Par ailleurs, un avenant à la prorogation de la CASAR* qui doit se réunir le 28 mars prochain est enfin à l’étude par la direction du dialogue social et sera présenté bientôt, alors que l’accord qui préside à l’existence de cette commission attachée aux projets de régionalisation est tombé en décembre dernier.

(*CASAR ; Commission d’anticipation, de suivi et d’ajustement de la régionalisation.)

Pas d’hirondelle au printemps

LIMINAIRE SNJ AU CSE RESEAU DES 22 ET 23 MARS 2023

Avant de débuter ce liminaire, le SNJ voudrait rendre hommage à un ancien élu de cette instance : Philippe Bard nous a quitté brutalement moins de deux ans après sa retraite. Une retraite dont il n’aura pas eu le temps de profiter pleinement comme bon nombre de salariés dans ce pays qui vont devoir travailler plus longtemps.
Philippe a défendu ardemment les intérêts de tous les salariés de la 3 avec passion, fougue et compétence.
Le SNJ et les élus de cette instance s’associent bien sûr à la douleur de ses proches et nous pensons à sa compagne et à sa fille.

Dans quelques jours, nous accueillerons le printemps et il n’y aura pas d’hirondelle !

Cela fait déjà plusieurs années que ce petit oiseau migrateur ne vient plus annoncer la saison du renouveau, des bons moments partagés dans le Réseau.
Et ce n’est pas un fait isolé !

Depuis plus d’une décennie maintenant, les salariés du réseau régional subissent une avalanche de projets de réorganisations de tous types, auxquels ils sont tenus de participer, si possible sans se plaindre. On leur
fait croire que c’est pour leur bien. On leur fait miroiter une régionalisation où leurs savoir-faire seraient reconnus… En réalité, on les empêche de faire un nouveau nid, faute de brindilles.

La régionalisation tant annoncée est un leurre dans lequel ils ne peuvent qu’y perdre des plumes.

L’exemple raté du 18H30 a laissé des traces et maintenant on nous annonce son retrait pur et simple. « Tout cela pour ça ? », serions-nous tentés de dire.
Tempo et la fusion avec les France Bleu ne sont là que pour les faire travailler davantage ; et leur rappeler, comme le gouvernement et une partie des parlementaires, qu’ils coutent trop cher ! Oubliant volontairement
le nombre d’heures d’informations et de divertissements de proximité qu’ils produisent avec de moins en moins de moyens.

Il est bien révolu le temps de dialogue social que vous prôniez au début de vos nouvelles fonctions à la tête du réseau.

France Télévisions réinvente une sorte de 49-3 où les dirigeants imposent leurs réformes, sans même essayer de convaincre et en contournant grossièrement les partenaires sociaux. La chaine France 3, pourtant toujours plébiscitée par ses téléspectateurs, semble être devenue un repoussoir dont il faudrait à
tout prix se débarrasser… Ou plutôt mettre au pas avec une brutalité sans précédent.

Les salariés, promis à un essorage intense, ne peuvent même pas maintenir un pouvoir d’achat tant les mesures salariales proposées par cette direction sont en dessous du taux d’inflation. Des mesures devenues un baromètre de la non-reconnaissance !

Et quant aux plus précaires, certains CDD et intermittents voient s’interrompre leurs collaborations pourtant de longue date, pendant que d’autres sont obligés de refuser des contrats, tant les indemnités d’hébergement sont indécentes. (Qui pourrait se loger pour 70 euros la nuit ?). Les plus anciens voient une
partie de leur ancienneté effacée lorsque paraissent les listes de candidats aux postes vacants. Pire, et nous l’avons déjà mentionné ici, la totalité d’entre eux ne reçoivent plus la communication des postes en consultation, sacrifiés sur l’autel du développement durable ! Le SNJ vous demande de rétablir ces salariés
dans leurs droits.

Alors oui, la fracture entre la direction de cette entreprise et les salariés de la chaîne France 3 ne cesse de s’agrandir mais sachez que nous ne vous laisserons pas les coudées franches car il faudra bien faire avec nous, quelques années de plus même avec la réforme des retraites.
À moins d’un nouveau plan caché, un trou d’air, un vol plané, qui nous ferait disparaître. Ou migrer. Comme les hirondelles !

Le SNJ a une pensée enfin pour nos consœurs et confrères d’Euronews à Lyon, dont la disparition du paysage audiovisuel européen vient d’être actée dans l’indifférence générale !

Paris, le 22 mars 2023

La disparition des « Nouvelles Calédoniennes » est un désastre social et une attaque contre le pluralisme

SECTION SNJ PACIFIQUE

Après plus d’un demi-siècle d’existence, Les Nouvelles Calédoniennes, le seul quotidien calédonien, va disparaître.

Ce journal a accompagné la Calédonie dans les changements politiques et sociétaux. Il a su créer du lien entre les Calédoniens, en racontant les histoires de tous, du Sud au Nord en passant par les îles, avec une proximité qui permettait de mettre en valeur des hommes et des femmes de tout le pays.

Ce 16 mars le procureur de la république de Nouméa avait pourtant demandé un plan de redressement judiciaire avec poursuite d’activité. La décision du tribunal de commerce de Nouméa, annoncée ce 17 mars, n’offre pas de sursis: c’est la liquidation judiciaire pour Les Nouvelles Calédoniennes

Le SNJ déplore, avec cette fermeture, un coup donné à la pluralité de l’information. La disparition des Nouvelles Calédoniennes est un désastre social, avec 120 salariés du groupe Melchior sans emploi, et des conséquences lourdes pour les salariés des imprimeries.

Le SNJ soutient la société des journalistes des Nouvelles Calédoniennes, qui s’est fait l’écho des difficultés de ses membres.

Nous espérons que l’annonce brutale de cette fermeture du quotidien, qui émeut quelques rares personnalités politiques, sera suivie de réactions appropriées des pouvoirs publics, qui doivent trouver des solutions. Le SNJ en appelle à la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak.

Il est inconcevable qu’un tel journal disparaisse, et ne puisse plus jouer son rôle dans notre démocratie, à une période charnière pour la Calédonie.

Paris, le 17 Mars 2023

Soutien aux salariés d’Euronews

MOTION

Réuni en comité national le 10 mars à Paris, le Syndicat National des Journalistes, première organisation de la profession, apporte son soutien aux salariés d’Euronews, qui viennent de prendre connaissance du projet de démantèlement de la chaîne européenne, à l’initiative de leur nouvel actionnaire.

La suppression de 198 postes, dont 123 à la rédaction, a été annoncée lors du CSE extraordinaire du 2 mars, avec une stratégie de redéploiement de quelques postes sur des bureaux européens.

Seulement 142 postes sur 478 seraient maintenus au siège à Lyon : c’est une véritable saignée à blanc avec une destruction de la quasi intégralité des rédactions, le démantèlement d’Euronews.

Le SNJ sera aux côtés de ses élus pour la défense de l’ensemble des salariés, face à une casse sociale dramatique, et un plan qui risque d’aboutir à la fin d’un projet original et ambitieux, et de porter un coup sévère au pluralisme, en affaiblissant l’offre du traitement de l’information internationale.

Paris, le 10 mars 2023

    Retraites et salaires : le SNJ appelle à une mobilisation le mercredi 15 mars

    PRÉAVIS DE GRÈVE

    Après les fortes mobilisations des 19 et 31 janvier, des 7, 11 et 16 février et des 7, 8 et 11 mars, le Syndicat National des Journalistes appelle à amplifier encore le mouvement. Malgré la très forte opposition exprimée dans la rue par les citoyens contre la retraite à 64 ans, le président de la République a refusé de rencontrer les syndicats. Quel déni de démocratie sociale ! Dans une lettre qu’il leur a été adressée, il écrit ne pas sous-estimer le mécontentement des Français, mais son obstination à vouloir imposer coûte que coûte cette réforme prouve évidemment le contraire !
    Ne nous laissons pas voler nos retraites ! Et exigeons la hausse de nos salaires aujourd’hui, parce qu’ils sont nos retraites de demain.

    Le gouvernement veut imposer la retraite à 64 ans. Un relèvement progressif de l’âge de départ jusqu’en 2030, et une accélération de l’allongement de la durée de cotisation à 43 ans. Un recul social sans précédent !

    Selon le président de la République et le gouvernement, c’est la seule voie pour financer les retraites. La seule solution pour ne pas avoir à augmenter les impôts. C’est un mensonge : notre système de retraite par répartition n’a aucun souci majeur de financement dans la durée. Surtout, cette réforme aggravera la situation d’une majorité de la population et en particulier celle des précaires, qui n’auront pas 43 ans de cotisation. De nombreuses femmes, en particulier celles qui ont vécu des interruptions de carrière, seront pénalisées par cette réforme.

    Allonger le temps de travail coûterait chaque année des milliards d’euros à la collectivité, pour indemniser le chômage des seniors, les arrêts-maladies, les accidents du travail et les invalidités qui se multiplieront. Et cette réforme rendra encore plus difficile l’accès à l’emploi pour les jeunes. Le mercredi 15 mars, soyons une nouvelle fois nombreux en grève et dans la rue à la veille d’un vote solennel à l’Assemblée Nationale. Contre ce projet de réforme, et pour défendre les revenus des salariés, mis à mal par une inflation inédite ces dernières années. Rappelons à toutes et tous l’injustice et les inégalités spécifiques que subissent les femmes avec ce projet de réforme des retraites !

    Exigeons aussi de la direction de France Télévisions qu’elle mette enfin à niveau les salaires. En 2022, notre pouvoir d’achat s’est réduit comme peau de chagrin. Et en 2023, la situation ne va pas s’améliorer.

    À la demande du SNJ, la négociation annuelle obligatoire sur les salaires (NAO) a démarré plus tôt cette année, le 9 février. Mais la direction a annoncé son intention d’accorder une augmentation générale de seulement 1,3 % ! Et sa volonté de brider une nouvelle fois le compte épargne temps, comme en 2022. Après la revalorisation générale de 1,2 % l’an dernier, on est encore loin du compte pour compenser l’inflation.

    Madame Ernotte se moque des salariés ! Ce sont toujours les mêmes qui font les efforts, et notamment les bas salaires et les plus précaires.

    D’autant que dans tous les secteurs de l’entreprise, et notamment pour l’information nationale, régionale et ultra-marine, les effectifs sont à la baisse. Celles et ceux qui restent sont confrontés à une surcharge de travail liée aux effets de la rupture conventionnelle collective (RCC), que le SNJ avait refusé de valider, et la suppression de centaines de postes depuis 2019.

    Le SNJ revendique les mesures suivantes :

    . Le retrait immédiat du projet de casse des retraites présenté par le gouvernement ;

    . Une augmentation du SMIC à 1700 € nets, et une revalorisation de l’ensemble des minima sociaux ;

    . À l’issue de la négociation annuelle obligatoire (NAO) sur les salaires à France Télévisions, la mise en œuvre, au plus tard fin mars, d’une mesure générale significative pour l’ensemble des salariés ;

    . Dès le premier trimestre 2023, à France Télévisions, une revalorisation des grilles de salaires et la création de paliers supplémentaires pour les PTA et les journalistes, aujourd’hui bloqués en fin de carrière. Cette proposition du SNJ est sur la table des négociations depuis plusieurs mois : la direction refuse toujours de l’entendre ;

    . L’harmonisation des primes de bureaux décentralisés, afin que les salariés des Outre-mer la 1ère en bénéficient.

    Mais au-delà de ces revendications, le SNJ veut aussi que les salariés retrouvent un sens au travail, et une cohérence à leurs missions. Et à travers les projets de la présidente, c’est tout le contraire qui se déroule sous nos yeux. C’est pourquoi le SNJ exige également :

    . Le retrait du projet Tempo, qui supprimera les éditions nationales de France 3 dès septembre 2023 et menace l’emploi ;

    . Le retrait de tout projet de fusion entre Radio France et France Télévisions, que ce soit avec France Bleu ou France Info.

    Pour faire aboutir ces revendications, le SNJ appelle l’ensemble des salarié-e-s de France Télévisions à se mettre en grève le mercredi 15 mars pour une durée illimitée. Rejoignons massivement les manifestations organisées dans tout le pays.

    Préavis illimité – Grève à la carte

    Dans le contexte particulier du combat pour la défense de nos retraites, le SNJ France Télévisions dépose un prévis dit « illimité ». Cette formule nous permet de maximiser la pression sur l’activité tout en réduisant l’impact financier sur les salariés.

    L’arrêt de travail peut intervenir (ou pas) en fonction de l’évolution du dossier, des mots d’ordre du syndicat , des possibilités de chacun. Si besoin, la formule permet d’organiser un relais dans la grève. Nous voulons déjouer ainsi les contraintes des 5 jours d’un préavis classique pour un arrêt de 24 heures, empêcher les modifications de planning, et… préserver votre pouvoir d’achat.

    Nous voulons préserver nos retraites ! Et à France Télévisions, nous en avons assez de subir les effets néfastes de la politique de la présidente Ernotte ! Alors il faut amplifier la mobilisation le 15 mars prochain.

    À Paris, le 13 mars 2023

    Nom de code : Tanuki

    Un projet peut en cacher un autre. Après Tempo, puis la fusion programmée avec Radio France, le SNJ a découvert voilà quelques semaines que la direction travaillait dans l’ombre depuis plus de six mois sur une mystérieuse transformation. Son nom de code ? Tanuki. Dans la mythologie japonaise, le tanuki est un esprit de la forêt, symbole de chance et de prospérité. Hélas, ce petit animal promet cette fois un destin bien plus sombre : la possible disparition du site d’information franceinfo.fr et de son application mobile, et une dégradation sans précédent de l’information de service public.

    La direction souhaite en effet que des contenus (articles, vidéos, infographies), aujourd’hui produits par les rédactions de France Télévisions et publiés sur le site franceinfo.fr, soient, dès l’été 2023, diffusés en doublon sur la plateforme de streaming de l’entreprise, france.tv. À partir de 2024, il est prévu que certains contenus relevant de l’information ne soient plus publiés QUE sur france.tv. En 2025, il est envisagé que l’ensemble de la production de l’information bascule sur la plateforme de streaming, signant la disparition de franceinfo.fr. France.tv serait alors l’unique lieu sur lequel le citoyen-téléspectateur pourrait retrouver le dernier numéro de « Complément d’enquête », son JT préféré, mais aussi les articles des rédactions numériques de France Télévisions. Le tout, entre un épisode de Capitaine Marleau, une émission de télé-achat et la finale de Roland Garros. Pire, ce projet envisage des ponts entre contenus d’information et de divertissement, laissant craindre l’assujettissement des premiers envers les seconds. A notre connaissance, aucun grand groupe média au monde n’a mis en place un projet aussi poussé de fusion entre son activité de divertissement et d’information. Y compris ceux, comme la RTBF ou la BBC, ayant rapproché leurs deux offres.

    Vous ne saviez rien de tout cela ? C’est normal. Bien qu’il s’agisse là d’une orientation stratégique majeure pour l’entreprise, la direction n’a pas encore pensé à la présenter aux salariés ou aux élus. Une démarche regrettable, puisque cela aurait permis à ces derniers de faire connaître leurs très nombreuses inquiétudes. En premier lieu, pourquoi démanteler un site d’information qui a fait ses preuves ? Franceinfo.fr compte désormais parmi les leaders des sites d’actualité, comme s’en félicitent régulièrement notre présidente et nos directeurs de l’info successifs. Le projet d’une plateforme unique entre information et divertissement relève par ailleurs d’une méconnaissance des usages : on ne consomme pas de la même façon un programme audiovisuel long (majoritairement le soir dans son canapé) et un article d’information (sur son téléphone, dans les transports ou entre deux réunions). En revanche, une telle plateforme fourre-tout participe au mélange des genres entre information et divertissement, à l’heure où France Télévisions s’est donnée comme mission d’aider le citoyen à y voir plus clair dans un océan de fake news. Ce projet pose aussi la question de l’indépendance éditoriale des journalistes de France Télévisions : faudra-t-il bientôt vanter les raisons de regarder le dernier épisode de la série france.tv du moment ? Ou en proposer un résumé, comme pour un match de foot ? Tanuki remet également en cause l’intégrité du média global (franceinfo.fr, franceinfo TV et franceinfo radio) puisque les contenus de Radio France ne pourraient plus être publiés sur cette plateforme. Et ce alors que, dans le même temps, les deux entités prônent leur futur rapprochement auprès de leur tutelle… Enfin, qui sera aux commandes de france.tv, qui n’est aujourd’hui pas tenu par des journalistes ? 

    Le pire, peut-être, est que ces renoncements éditoriaux ne garantiront pas le succès d’audience de cette plateforme. Forte de ses douze années d’existence, franceinfo.fr jouit d’un excellent référencement sur les moteurs de recherche et d’une bonne réputation auprès des internautes et du reste de la profession. Sa disparition ne garantit pas, par un mouvement mécanique, le transfert de son audience vers une plateforme de streaming aux usages différents. Pour réclamer des comptes à la direction, le SNJ a demandé, et obtenu, que le projet Tanuki soit inscrit à l’ordre du jour du CSE, qui aura lieu fin mars. Sans attendre, il appelle les salariés à faire connaître leur opposition à ce projet délétère. Ensemble, luttons pour préserver l’information de service public !

    Paris, le 13 mars 2023

    Retraites et salaires : le SNJ appelle à une mobilisation le samedi 11 mars

    PRÉAVIS DE GRÈVE

    Après les fortes mobilisations des 19 et 31 janvier, des 7, 11 et 16 février, et des 7 et 8 mars, le Syndicat National des Journalistes appelle à amplifier encore le mouvement avant la fin des débats au Sénat. Ne nous laissons pas voler nos retraites ! Exigeons la hausse de nos salaires aujourd’hui, parce qu’ils sont nos retraites de demain.

    Le gouvernement veut imposer la retraite à 64 ans. Un relèvement progressif de l’âge de départ jusqu’en 2030, et une accélération de l’allongement de la durée de cotisation à 43 ans. Un recul social sans précédent !

    Selon le président de la République et le gouvernement, c’est la seule voie pour financer les retraites. La seule solution pour ne pas avoir à augmenter les impôts. C’est un mensonge : notre système de retraite par répartition n’a aucun souci majeur de financement dans la durée. Surtout, cette réforme aggravera la situation d’une majorité de la population et en particulier celle des précaires, qui n’auront pas 43 ans de cotisation. De nombreuses femmes, en particulier celles qui ont vécu des interruptions de carrière, seront pénalisées par cette réforme.

    Allonger le temps de travail coûterait chaque année des milliards d’euros à la collectivité, pour indemniser le chômage des seniors, les arrêts-maladies, les accidents du travail et les invalidités qui se multiplieront. Et cette réforme rendra encore plus difficile l’accès à l’emploi pour les jeunes.

    Le samedi 11 mars, soyons nombreux en grève et dans la rue ! Contre ce projet de réforme, et pour défendre les revenus des salariés, mis à mal par une inflation inédite ces dernières années. Rappelons à toutes et tous l’injustice et les inégalités spécifiques que subissent les femmes avec ce projet de réforme des retraites!

    Exigeons aussi de la direction de France Télévisions qu’elle mette enfin à niveau les salaires. En 2022, notre pouvoir d’achat s’est réduit comme peau de chagrin. Et en 2023, la situation ne va pas s’améliorer.

    À la demande du SNJ, la négociation annuelle obligatoire sur les salaires (NAO) a démarré plus tôt cette année, le 9 février. Mais la direction a annoncé son intention d’accorder une augmentation générale de seulement 1,3 % ! Et sa volonté de brider une nouvelle fois le compte épargne temps, comme en 2022. Après la revalorisation générale de 1,2 % l’an dernier, on est encore loin du compte pour compenser l’inflation.

    Madame Ernotte se moque des salariés ! Ce sont toujours les mêmes qui font les efforts, et notamment les bas salaires et les plus précaires.

    D’autant que dans tous les secteurs de l’entreprise, et notamment pour l’information nationale, régionale et ultra-marine, les effectifs sont à la baisse. Celles et ceux qui restent sont confrontés à une surcharge de travail liée aux effets de la rupture conventionnelle collective (RCC), que le SNJ avait refusé de valider, et la suppression de centaines de postes depuis 2019.

    Le SNJ revendique les mesures suivantes :

    . Le retrait immédiat du projet de casse des retraites présenté par le gouvernement ;

    . Une augmentation du SMIC à 1700 € nets, et une revalorisation de l’ensemble des minima sociaux ;

    . À l’issue de la négociation annuelle obligatoire (NAO) sur les salaires à France Télévisions, la mise en œuvre, au plus tard fin mars, d’une mesure générale significative pour l’ensemble des salariés ;

    . Dès le premier trimestre 2023, à France Télévisions, une revalorisation des grilles de salaires et la création de paliers supplémentaires pour les PTA et les journalistes, aujourd’hui bloqués en fin de carrière. Cette proposition du SNJ est sur la table des négociations depuis plusieurs mois : la direction refuse toujours de l’entendre ;

    . L’harmonisation des primes de bureaux décentralisés, afin que les salariés des Outre-mer la 1ère en bénéficient.

    Mais au-delà de ces revendications, le SNJ veut aussi que les salariés retrouvent un sens au travail, et une cohérence à leurs missions. Et à travers les projets de la présidente, c’est tout le contraire qui se déroule sous nos yeux. C’est pourquoi le SNJ exige également :

    . Le retrait du projet Tempo, qui supprimera les éditions nationales de France 3 dès septembre 2023 et menace l’emploi ;

    . Le retrait de tout projet de fusion entre Radio France et France Télévisions, que ce soit avec France Bleu ou France Info.

    Pour faire aboutir ces revendications, le SNJ appelle l’ensemble des salarié∙e∙s de France Télévisions à se mettre en grève le samedi 11 mars. Rejoignons massivement les manifestations organisées dans tout le pays.

    Nous voulons préserver nos retraites ! Et à France Télévisions, nous en avons assez de subir les effets néfastes de la politique de la présidente Ernotte ! Alors il faut amplifier la mobilisation le 11 mars prochain.

    Paris, le 9 mars 2023