Préavis de grève du 12 septembre : un contournement de la loi inacceptable !

TRACT INTERSYNDICAL FTV CGT / SNJ / CFDT / SRCTA-UNSA / SNCPA-CGC

Le lundi 12 septembre 2022, la direction décide de faire passer la diffusion de Télématin et ses éditions de la matinée via l’antenne de Romainville. Un dispositif prévu pour assurer la continuité d’activité. Autrement dit : assurer la diffusion en cas de force majeure (pandémie, guerre, etc.).

Quel cas de force majeure a bien pu survenir ce jour-là ?

Aucun bien sûr si ce n’est le mouvement de grève contre le projet Tempo très suivi au centre de diffusion et d’échanges du siège.

Cela crée un précédent inacceptable pour l’intersyndicale qui avait appelé à la grève : le contournement de cette dernière par un dispositif qui n’est pas prévu à cet effet, et géré par une entreprise extérieure qui plus est.

De plus la direction et les rédacteurs en chef des  éditions nationales de France 3 ont réalisé leurs journaux dans des conditions normales, alors que la scripte de service était gréviste. C’est inacceptable et cela a été fait malgré les protestations vives de l’intersyndicale.

Dans l’intérêt des salariés et pour ne pas que cela se reproduise nous allons donc nous tourner vers nos conseils pour donner la réponse qui nous semblera la plus adaptée.

Quant au projet Tempo, le combat ne fait que commencer !

Paris, le 14 septembre 2022

Duplex avec TVU ou AVIWEST : le pouvoir de dire non !

Des JRI en ont plein le dos des AWIWEST ou TVU ! Leurs missions s’alourdissent dangereusement, alors que leur pouvoir d’achat se réduit comme peau de chagrin. La direction s’appuie sur les bonnes volontés, mais trop c’est trop ! Comment se concentrer sur un reportage lorsqu’on demande à l’équipe de tournage de réaliser, en plus, des duplex avec les moyens légers de transmissions, TVU ou AVIWEST ? Une majorité de JRI de France TV de la rédaction nationale refuse ce type de direct qui se fait au détriment de la qualité journalistique des sujets. Faut-il encore le rappeler ? Les JRI ne sont pas des OPV (opérateurs de prise de vue). Leur métier, c’est le reportage !

Ces duplex permettent à la direction de faire de grosses économies car les moyens de diffusion traditionnels coûtent cher. Pour nombre de journalistes reporters d’images, ça suffit ! Toujours plus de tâches à accomplir, et dans le même temps, la direction propose cette année une augmentation générale de seulement 1,2% ! Alors que l’inflation dépasse les 6% pour 2022 !

Soyons clairs, il y a de quoi décourager les bonnes volontés.
Ajoutons que trop souvent, le rappel des consignes de sécurité n’est pas effectué : en cas de problèmes de santé, la responsabilité de l’employeur peut être engagée (voir notre précédent tract sur le sujet).

Le SNJ rappelle que ces duplex ne doivent s’effectuer que sur la base du volontariat, et qu’un refus ne peut donner lieu à sanction. La transmission ne fait pas partie du travail des équipes à la base et des missions des JRI en particulier, qu’ils travaillent à Paris, en Outre-mer, dans les bureaux à l’étranger ou en régions. En cas de litige avec le chef de service, rappeler l’accord collectif de 2013 qui précise la définition des fonctions des rédacteurs et journalistes reporters d’images. (Voir ici l’accord collectif d’entreprise, page 280.)

Un refus ne relève pas seulement de la responsabilité des JRI. Les rédacteurs ou rédactrices peuvent aussi s’opposer à l’utilisation de ces moyens de direct low cost. La solidarité au sein des équipes de reportage doit évidemment prévaloir.Alors ne l’oublions pas : il n’est jamais trop tard pour dire non !

Paris, le 13 septembre 2022

Notre tempo n’est pas le vôtre !

RÉGIONALISATION DE FRANCE 3

Le projet de suppression des éditions nationales « Tempo » est à rebours de l’histoire de France 3. Il veut rayer d’un trait de plume une information nationale de qualité, qui a fait ses preuves en termes d’indépendance éditoriale et d’audience.

La direction distribue de la ciguë à la rédaction nationale, en faisant un cadeau empoisonné au réseau régional, car la présidente de FTV l’a annoncé : il n’y aura pas de hausse des effectifs dans les régions. Les moyens resteront constants, et donc insuffisants, pour toutes les éditions, TV et numérique.

Alors à quoi ressemblera ce projet funeste ?

La direction du réseau a présenté aux élus du CSE son plan d’évolution des JT régionaux.

Un document édifiant, où l’on nous demande de faire par visio, UTS ou aviwest  « plus de directs chez les gens » ou de les interroger « sur ce qu’ils feraient s’ils étaient députés ».

Voilà un pseudo-journalisme qui prône sans complexe un anti-parlementarisme de comptoir, où le journal d’information devient «  les téléspectateurs ont la parole ».

Pas une seule fois n’est évoqué le terme « d’enquête », qui semble banni à jamais du langage de la direction. Quant au mot « reportage », il disparaît pratiquement de la réflexion au profit de vagues chroniques, dites interactives.

Pour couronner le tout, on apprend que les ateliers de réflexion (comme pour le 18h30 naguère) seront composés uniquement de cadres et de présentateurs. Les reporters de terrain n’ont plus la parole ni droit de cité.

Quelle indigence ! La télévision régionale se fera-t-elle encore demain avec des reportages ?

On peut en douter et on serait tenté de dire également : tout ça pour ça !

Nous, journalistes, défendons une information de qualité, car c’est notre mission première.

N’en déplaise à nos têtes pensantes de la direction, la pluralité, l’investigation et le reportage font partie des fondements de notre profession. Ces pratiques professionnelles sont toujours plébiscitées par les téléspectateurs et les internautes.

Nous ne laisserons pas les coudées franches à une direction qui a planifié sciemment la destruction de l’information à France 3. Il en va aussi de l’avenir de l’audiovisuel public dans notre pays, à l’heure des incertitudes sur son  financement à l’horizon 2024, et des menaces de fusion qui pèsent.

Le préavis de grève du 12 septembre, sur le périmètre du Siège de France télévisions, est un coup de semonce, une première étape de la mobilisation. Le SNJ s’opposera par tous les moyens  à ce projet destructeur et mortifère, tant pour la rédaction nationale que pour les antennes régionales.

Paris, le 7 septembre 2022

Suppression des éditions nationales de France 3 : la direction rompt le dialogue social

Déclaration de l’intersyndicale au CSE Siège du 12 juillet 2022

Fait sans précédent, l’ensemble des organisations syndicales du CSE Siège a quitté la salle, après le refus de la direction d’expliquer le projet TEMPO. La suppression brutale des éditions nationales de France 3 aura des conséquences pour de nombreux salariés : journalistes, techniciens, administratifs… En réponse, quelle attitude ont adopté les principaux porteurs du projet ? Pire que le mépris, la politique de la chaise vide. 

Ni la présidente, ni le directeur des antennes et des programmes, ni le directeur de l’information, ni le directeur du réseau régional France 3 n’ont jugé bon de venir s’expliquer face aux élus du Siège. 

Mais où étaient-ils ?

Déjà en vacances après avoir lancé leur bombe à fragmentation ? 

Pas du tout !

Delphine Ernotte, devant sa webcam, répondait « en direct » aux questions posées par les salariés.

Laurent Guimier, était en mission déminage du projet Tempo à France Info puis à la rédaction nationale.

Et ce n’était pas la première fois, puisqu’il avait déjà échangé avec la SDJ de France 2. Celui que certains surnomment « l’illusionniste » a ainsi fait disparaître les corps intermédiaires. M. Guimier n’a pas eu l’aplomb de faire face aux élus du CSE Siège qui sont pourtant les premiers remparts face à ce funeste projet. 

Son courage légendaire, l’aurait-il abandonné ? A-t-il été empêché ?

A-t-il craint de voir ses propos, parfois à géométrie variable, retranscrits dans un procès-verbal ? Que les salariés ne s’y trompent pas, les promesses de la direction dans le cadre de discussions informelles, n’engagent que ceux qui les croient.

En revanche, ce qui est prononcé en CSE fait foi. Depuis vendredi, tout a été fait pour contourner cette instance et éluder le débat avec vos représentants. Un scénario à rebondissements qui a parfois frisé le ridicule. Un point inscrit à l’ordre du jour que le président a d’abord souhaité reporter avant de se raviser à la dernière minute. Le risque d’un délit d’entrave a-t-il conduit la direction à revoir sa copie ? En clair, la proposition faite à vos élus consistait finalement à débattre, mais avec le seul président du CSE qui n’a ni l’expertise, ni la maîtrise du projet. Sans lui faire offense, une mascarade !!!

Une provocation supplémentaire ! Tous les syndicats qui ont dénoncé cette volonté de contourner les instances ont donc décidé de ne pas siéger. L’unanimité dans la volonté de claquer la porte. Une réponse à la hauteur du mépris affiché par la direction qui n’a absolument pas pris la mesure de la détresse et de l’inquiétude des salariés. Le président de l’instance a ensuite fait le choix de dérouler les points à l’ordre du jour, en l’absence des organisations syndicales. 

Une stratégie non pas de dialogue social mais de monologue social que vos élus dénoncent unanimement car elle n’augure rien de bon… Avec le projet Tempo, la direction est à contretemps pour ne pas dire à côté de la plaque. 

Cela ne fait aucun doute, la rentrée sera chaude à France Télévisions. Les organisations syndicales vous assurent de leur vigilance et de leur mobilisation pour que Tempo ne soit pas un projet de destruction massive.

Paris, le 12 juillet 2022

Forfait mobilité durable: le SNJ ne portera pas les bidons !

L’accord sur le forfait mobilité durable vient d’être remis à la signature par la direction de Ftv. Mais ce sera sans le Snj.
Évidemment, nous ne sommes pas opposés à ce forfait qui permet à environ 700 salariés d’utiliser un vélo pour venir travailler. L’idée est bonne car aujourd’hui chacun peut désormais choisir entre les transports en commun et sa bicyclette, en location ou en propriété.
Nous avons donc logiquement soutenu ce projet qui s’est appliqué dès 2021, initialement pour un an.
En mai dernier, malgré un retard de six mois et avant de signer à nouveau cet accord, la direction devait nous présenter un bilan de la mesure. Or, lors de cette réunion, rien, aucun document ne nous a été fourni ! Vous avez pu lire dans un tract intersyndical que nous dénoncions cette désinvolture.

Aujourd’hui il nous est proposé de reconduire cet accord, applicable jusqu’à fin décembre 2022. On nous dit que les documents d’étude que nous demandions seront présentés en septembre, mais c’est un peu tard ! Nous ne voulons pas signer sans savoir.

Les autres organisations syndicales ont décidé de parapher l’accord. C’est leur choix.
Mais même sans aucune signature, la direction aurait la possibilité de maintenir le dispositif. Alors, on ne peut pas dire que signer c’est protéger les salariés qui bénéficient de la mesure.
Nous agissons simplement en cohérence, estimant que l’on ne peut pas critiquer en mai et signer en juin. Alors que rien n’a changé.

Paris, le 5 juillet 2022

L’ultime trahison

RÉDACTION NATIONALE

La présidente est toujours au rendez-vous lorsqu’il s’agit de trahir les salariés. Fermeture de France Ô pour soi-disant améliorer la visibilité de l’outre-mer. Suppression du Soir 3, dernier rendez-vous d’information d’une chaîne généraliste au cœur de la nuit et au succès jamais démenti tout au long de ses 40 années d’existence. Et maintenant, l’ultime trahison avec l’annonce de la disparition des éditions nationales de France 3 !

Oui, vous avez bien lu. Fini le 12/13, fini le 19/20 dès septembre 2023. Des suppressions suggérées par des propos peu respectueux de notre travail. La présidente laisse entendre que ces éditions ne sont que reboutiquage de reportages de France 2, sans aucune valeur ajoutée… Totalement faux ! Ces éditions ont une identité propre, mais la présidente préfère réduire à néant cette forme de pluralisme éditorial de l’information nationale, pourtant inscrite dans l’histoire du service public.

Le discours qui accompagne la fin de ces éditions emblématiques évoque un avenir obscur pour les journalistes de la 3 qui « travailleront et fabriqueront pour le réseau régional… », a dit la présidente sans autre précision !
Mais de quels journalistes parlez-vous madame ? Avez-vous oublié que la fusion des rédactions est passée par là et qu’il n’y’a plus de journalistes de France 2 ou de France 3 ? Alors qui choisira d’affecter tel ou telle aux éditions de France 2 et de reléguer les autres à des tâches beaucoup moins gratifiantes ? Un nouveau casting au-dessus du casting qui fait déjà tant de dégâts ? Tout n’est que cynisme dans ce choix. Cette transition brutale vers une info low-cost donnera l’illusion au pouvoir politique d’un vrai changement de logiciel à France Télévisions. Mais il n’en sera rien. Si des consœurs ou confrères en régions sont sans doute ravis de cette pseudo-régionalisation, comment relever ce défi impossible  ? Mais comment vont-ils faire pour assumer 1 heure et demie d’info par jour sans moyens supplémentaires ? 1/2 heure à 12H30 et 1 heure entre 19H et 20H. Quelle mascarade !!!

Ajoutons à cela, des modules sur l’actualité nationale et internationale fabriqués par les journalistes-deskeurs de France Info et envoyés à toutes les régions pour les inclure dans leurs journaux XXL. Une circulation de contenus qui prétend détruire toutes les barrières constituées par les accords d’entreprises à France Télévisions et France Info. Une attaque en règle qui justifiera, sans doute, un arbitrage de la justice.

Et l’emploi dans tout ça ?

Alors que la rupture conventionnelle collective (RCC) vide nos rangs, la présidente n’a visiblement pas l’intention d’embaucher de nouveaux journalistes à la rédaction nationale. 1 heure de moins à produire par jour, 7 jours sur 7, voilà qui va dégager une marge en termes d’effectifs !

Alors, destination les régions sur la base du volontariat ? Des redéploiements, selon la terminologie de nos chers DRH ! Pour qui et dans quelles conditions ? De la pure casse sociale, éditoriale… Une faute de plus !

Le SNJ n’accepte plus que cette entreprise soit dirigée par une présidente qui gouverne contre l’intérêt des salariés et contre la volonté d’un public fidèle à cette articulation locale, régionale, nationale et internationale !

Quant à nos directeurs qui, encore récemment, disaient travailler sur un nouveau 19/20, que pensent-ils de ces disparitions pures et simples ?

Sauvés la semaine dernière par Delphine Ernotte, voilà qu’elle se moque d’eux en faisant du passé table rase ! Qu’ils s’en aillent tous ! Ils ne sont pas dignes du service public. Nous exigeons de la présidente qu’elle vienne s’expliquer en face à face, au CSE du Siège.

L’heure n’est plus à la défiance mais à la résistance.

Paris, le 5 juillet 2022

Un numéro d’illusionniste

RETOUR SUR LE SEMINAIRE EMPLOI ET COMPETENCES

Une méthode nouvelle pour redonner confiance à la rédaction nationale. C’est la feuille de route donnée par Delphine Ernotte à Laurent Guimier, considérablement affaibli par le vote de défiance. Cela tombe bien, le SNJ (Syndicat national des journalistes) demande lui aussi au directeur de l’information de revoir sa copie.

Lors d’un séminaire emploi et compétences (la veille du vote des Sociétés des journalistes), rien n’a été annoncé pour consolider les effectifs à la rédaction nationale. Malgré nos demandes, il faudra repasser pour avoir un état des lieux sur la RCC (rupture conventionnelle collective) et ses dégâts collatéraux dans les services. Aucune perspective à long terme n’a été donnée aux CDD longue durée du siège, dont cinq sur 16 ont été récemment « repêchés » (jusqu’à la fin de l’année).

Nous demandons des garanties sur les embauches des précaires, l’arrêt des méthodes managériales violentes qui consistent à mettre des CDD à la porte pour des motifs fallacieux au bout de quelques années. « Je ne suis pas tortionnaire au point de penser qu’on doit être CDD pendant cinq ans », rétorque M.Guimier. Mais d’après lui, le problème des nouveaux arrivants se situerait plutôt à l’embauche. En substance, nous ne serions pas suffisamment attractifs pour des jeunes sortis d’écoles de journalisme, frustrés de ne pouvoir exercer à France Télévisions les polycompétences acquises pendant leurs études.

Surréaliste et faux ! Nous n’avons jamais entendu un jeune journaliste tenir de tels propos. D’après le directeur de l’information, les CDD doivent désormais considérer que « la voie sacrée » entre Télématin et les différents services vers une intégration systématique à la rédaction nationale, est un modèle dépassé. La direction attend qu’ils postulent davantage à France Info ou dans les régions de France 3 ! En résumé, des précaires toujours plus mobiles et malléables…

Le SNJ appelle à une remise à plat de cette politique, les CDD doivent être accompagnés et avant tout être respectés. Tout comme les alternants qui sont de potentielles futures recrues.

Au lieu de prendre à bras le corps la souffrance de beaucoup de journalistes, soumis à une pression et à des amplitudes horaires toujours plus élevées, le directeur de l’information remet sur la table… la question des JRI-monteurs. Laurent Guimier part d’un exemple particulier, la difficulté de trouver des monteurs pour la couverture du conflit en Ukraine… D’abord, quelques JRI qui seraient en demande deviendraient aussi monteurs… Et après ? Des économies d’échelle, des emplois de monteurs en moins et la qualité des reportages tirée vers le bas ? Rappelons qu’aucun accord n’existe à France Télévisions autorisant la fonction de JRI-monteur.

C’est la raison pour laquelle le SNJ a mis le pied sur la pédale de frein. D’autant que la direction prend dangereusement la pente d’une information de France Télé low-cost ! Avec la nouvelle trouvaille du réseau France 3 en régions : des reporters en résidence (RER) sur le modèle de Radio France pour densifier le maillage. Des équipes de deux a priori… un autre cheval de Troie pour tenter d’imposer les JRI-monteurs ? Rien ne pourra être fait dans ce domaine sans l’accord des organisations syndicales. Ces nouveaux reporters à domicile découleront-ils de créations ou des transferts de postes ? Et pourquoi ne pas renforcer les BEX ou les locales ?

« Pas de plan caché », tente de rassurer le directeur du réseau, Philippe Martinetti. Pour l’instant, un flou qui n’a rien d’artistique entache ce projet. Mais ce qui est sûr, c’est que l’objectif est bien de tout tirer vers le bas au nom des sacro-saintes économies…

Le dernier étage de la fusée, montre également que la direction prend ses désirs pour des réalités en matière de polycompétences. Il lui serait difficile, voire impossible, de renégocier les accords actuellement en vigueur, afin de permettre aux « journalistes-deskeurs » de France Info de continuer à exercer leurs compétences de montage, en cas de mutation à la rédaction nationale. Alors Laurent Guimier contourne le problème et propose une politique de rediffusion à grande échelle. Reprogrammer des sujets du canal 27 dans les éditions de France 3 et France 2 ! La circulation des contenus, ce n’est pas les emplois, précise habilement la DRH. Un pôle d’actualité chaude serait donc à terme constitué parmi les effectifs de France Info, sa mission consistant à faire les premières cabines pour toutes les éditions de la rédaction nationale.

« L’équipe de France Info produit beaucoup et bien, et doit faire profiter les autres antennes de son expertise », selon Laurent Guimier. Les reportages réalisés à l’intérieur du périmètre de France Info par des « journalistes-deskeurs », un métier hybride qui n’existe pas à la rédaction nationale, pourraient ainsi être diffusés partout !

Indirectement, et même si M. Guimier s’en défend, cela permettrait d’imposer de nouvelles pratiques et donc de nouveaux métiers dans la fabrication des journaux de France 3 et France 2. Bien joué monsieur l’illusionniste ! C’est une digue déjà franchie par le passé et à chaque fois condamnée par notre organisation syndicale. Nous ne sommes pas dupes…

Le SNJ s’opposera à ce tour de passe-passe et à tout nouveau projet de casse des métiers.

Tristes coulisses d’un voyage officiel en Ukraine…

Non, vous n’avez pas rêvé. Le déplacement du président de la république en Ukraine a bien été le théâtre d’une humiliation médiatique.

Pas d’interview d’Emmanuel Macron à l’aller dans le train, ni au retour. Pas de journaliste de la rédaction nationale avec le locataire de l’Elysée. Aucun de ceux qui suivent habituellement le président n’était du déplacement. Le Château avait choisi. TF1, BFMTV et… « C à Vous ». Certes une émission de France 5, mais une production en externe et qu’on ne peut pas qualifier d’émission d’information. L’Elysée avait donc choisi sciemment en refusant un représentant de la rédaction nationale de France Télévisions.

Un affront, une insulte doublée d’une désorganisation au plus haut niveau. Ce scoop donné à un journaliste de « C à vous  » était arrivé jusqu’aux oreilles de la direction de l’information, la veille du déplacement en Ukraine. A ce moment-là, l’Elysée ne confirmait toujours pas auprès de nos équipes la réalité de ce déplacement. Et donc le jour venu, rien sur nos antennes, pas de duplex au plus près du président de la République, pas d’interview d’Emmanuel Macron en privatif. Rien de tout cela, pendant que les chaînes privées qui étaient du voyage faisaient leur travail. Le journaliste de « C à vous » était, dit- on, équipé d’un moyen de transmission, mais nous n’avons pas vu la couleur d’une image ni le son d’un plateau, même enregistré  ! Il n’y aura sur nos antennes qu’un extrait de son interview avec le président, le lendemain, avant la diffusion de l’ensemble sur France 5. 36 heures après !

Quel fiasco ! Quel échec pour la direction de l’information et toute notre hiérarchie qui se sont ainsi retrouvées le bec dans l’eau. Seule consolation, une envoyée spéciale présente à Kiev a donné l’illusion que nous étions sur le coup. Il suffisait de zapper sur les autres chaînes, où les directs et interviews exclusives se succédaient, pour se convaincre du contraire.

Alors, beaucoup de questions se posent. Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il préféré « C à vous », l’une des émissions produites par Médiawan pour France 5 ? La proximité avec le pouvoir en place du patron de cette société est-elle entrée en ligne de compte pour que ce choix soit fait au détriment de notre rédaction ? Qu’en pensent notre présidente et notre numéro 2 directeur des antennes et des programmes ? Ont-ils validé sans broncher cette nouvelle attaque en règle contre la rédaction nationale venant directement de l’Elysée ? Ce pouvoir qui s’apprête à affaiblir considérablement l’audiovisuel public en supprimant la redevance semble nous avoir déjà rayé de la carte. Avec la complicité d’une direction plus que défaillante dans cette affaire !

Paris, le 20 juin 2022