Pour cette première réunion sous la présidence du nouveau directeur du réseau régional, François Desnoyers, ce fut un CSE à la mode « Halloween », à demi nomade et à demi masqué. Puisque la réunion s’est tenue sur une matinée le premier jour, pour permettre aux élus présents à Paris de regagner leurs belles provinces. Et une seconde journée entièrement en visio-conférence… ce qui devrait être encore le cas pour quelques semaines.
Confinement à la saison des citrouilles
La première partie des débats a concerné le nouveau confinement, annoncé la veille par le Président de la République, avec des règles très différentes de celles du printemps pour les antennes de France 3. Un mode d’emploi que vos élus SNJ vous communiquaient dès ce premier jour de réunion. Cette fois, en effet, chacun garde son propre JT, sa ou ses éditions locales et ses émissions de l’antenne. Ce qui change beaucoup la donne et la jauge à l’intérieur de nos locaux. Le télétravail, pour tous ceux qui peuvent travailler à distance, étant de nouveau d’actualité.
Un confinement 2 avec deux mots d’ordre : maintenir le plus haut niveau d’activité possible et accorder une attention toute particulière aux salariés en télétravail.
Ce qui implique en premier lieu de ne pas faire de JT grande région. Pour Patrice Schumacher, directeur des programmes, « si toutefois nous n‘avions pas des effectifs suffisants, nous avons la possibilité d’abord de raccourcir les JT ; puis de faire circuler des sujets entre les antennes ».
Quant au télétravail, les personnes concernées devront pouvoir bénéficier d’un matériel informatique adéquat, de chaise de bureau. Selon François Desnoyers, « chaque manager devra accorder une attention accrue à ses salariés, avec, si besoin, la mise en place d’outils d’aide psychologique ».
A l’heure où nous écrivons, la possibilité pour le montage des JT de se faire à distance n’était pas tranchée. Dans plusieurs antennes, c’est une demande des monteurs surtout quand les règles sanitaires se sont un peu relâchées.
A la question des élus SNJ aux restrictions d’accès pour les journalistes sur le terrain, comme observé dans certaines régions au printemps, le directeur du réseau répond clairement que « les sites à l’époque n’étaient pas équipés. Les restrictions d’accès ne peuvent donc pas être les mêmes qu’en mars. »
En revanche, la mise à disposition sur les sites de masques FFP2 pour les tournages en milieu difficile, reste sans réponse !
Le projet de régionalisation en « trick or treat » !
La régionalisation du réseau, projet phare du 2e mandat de Delphine Ernotte et dans la feuille de route du nouveau directeur du réseau (« c’est pour cela que je suis là », explique-t-il), a occupé presque la totalité des débats du CSE. Tant il est vrai que ce projet avec comme ambition « l’inversion du modèle » – entendez la prise par les régions de créneaux d’antenne nationale – reste plus que flou. Et pourtant on assiste à une accélération du calendrier et la mise en place d’ateliers à marche forcée dans une partie des antennes. De même les formations qualifiées de « stratégiques » par la direction suivent le même rythme : à l’inverse de l’UFTV qui ferme pour cause de confinement, les formations « régie automatisée » à Rouen et NRCS sont maintenues. De manière générale, François Desnoyers le reconnait : « il y a un problème de communication sur ce projet et nous en prenons notre part ».
Le démarrage de la nouvelle tranche de 18h30, en réalité avec les servitudes plutôt sur 13 minutes, sera effectif au 25 janvier. Le nouveau directeur a préféré reculer la date de lancement prévue initialement le 4 janvier. Une tranche grande région mais qui ne reproduira pas, nous assure-t-on, ce qui a été mis à l’antenne çà et là pendant la première période de confinement.
Une tranche d’information donc, mais qui ne sera pas du JT et réalisée uniquement en interne (pas en production exécutive). La nouvelle équipe de direction semble avoir du mal à concilier cette ambition qui, dans beaucoup de rédactions, va se heurter de plein fouet aux moyens insuffisants. Ainsi dans de petites antennes comme celle des Alpes, et ce n’est pas une exception, les journalistes décrivent des conditions de travail avec « la tête sous l’eau », parvenant à grand peine à remplir les 10 minutes supplémentaires imposées à la rentrée dernière, avant les journaux de midi et de 19h. Dans la majorité des cas, là où des ateliers ont été organisés, une impression de « vernis participatif » se dégage. Ce que semble découvrir le nouveau directeur du réseau qui a pris ses fonctions le 12 octobre.
L’ambition affichée se heurte aux principes de réalité de nos antennes avec des effectifs à flux tendus en raison des non remplacements de départs en RCC et en l’absence cruelle de moyens nouveaux. Le patron du réseau a la conviction que la démarche d’autonomie de certaines stations doit commencer dès maintenant et ne pas attendre 2022. Olivier Godard n’est pas plus rassurant en n’évoquant que le comblement de rares postes gelés mais pas l’ensemble des départs effectifs en RCC chez les journalistes.
En revanche, ces réalités ne devraient pas échapper au directeur de la transformation, Germain Dagognet, qui pour la première fois dans l’instance détaille ce projet, qui suscite beaucoup d’enthousiasme de sa part. A terme, c’est même toute la tranche 18h/19h30 qui est visée. Une manière de « re-régionaliser » le réseau, avec de nouveaux outils et en plus grande proximité avec nos téléspectateurs. Et sur les effectifs trop réduits : « On peut dégager des moyens grâce aux nouvelles pratiques, nouvelles technologies, à des modes d’organisation différents », commente Germain Dagognet.
Si notre manière de travailler doit forcément évoluer, cette vision apparait à vos élus un peu décalée de la réalité de ce qui se fait déjà. Nous avons pris acte de l’engagement de François Desnoyers de nous fournir un « document-projet » plus précis pour éviter, dit-il « les procès d’intention ou les incompréhensions ».
Bleues comme matinales
L’expérience de diffusion des matinales de France Bleu sur les antennes de France 3 sur la tranche 7h/8h40 continue. Trois nouvelles « radios filmées » démarreront d’ici à la fin de l’année à Laval, Strasbourg et en Limousin. 12 autres en 2021.
La nouveauté sur ce dossier, ce sont des audiences réalisées par la direction des études. Uniquement pour quelques-unes puisque la Creuse, la Côte d’Azur, la Bretagne, la Loire et la toute nouvelle Gironde ne peuvent pas être mesurées (comme souvent les éditions locales de France 3 quand elles existent dans ces zones).
Des audiences très contrastées : de 1,1 % de PDA en PACA (audience déduite) à 2,9 à Toulouse et 4,6 à Lille.
Et des bleus au moral
Enfin le gros malaise des salariés de la Fabrique à Bordeaux a une nouvelle fois mis la direction des moyens internes de fabrication sur la défensive : une nouvelle activité baptisée Fab Lab au point mort, des postes non remplacés et du matériel obsolète. Ajoutez à cela l’organisation de la Fabrique avec des décideurs le plus souvent à distance… la rumeur d’une fermeture pure et simple de ce site de l’ex filière prod a été catégoriquement démentie par la direction qui, encore une fois, devant la mobilisation des élus, a promis d’intervenir.
La prochaine réunion du CSE réseau est prévue les 26 et 27 novembre prochains. Un calendrier qui, en raison du confinement, pourrait être bousculé et donner lieu comme au printemps à des CSE extraordinaires dans l’intervalle.
Vos élus et représentant SNJ :
Jean-Manuel Bertrand, Hervé Colosio, Myriam Figureau et Vincent Habran