
Déclaration intersyndicale CFDT, CGT, FO, SNJ et SUD
En douce…
C’est ainsi que désormais tout se fait dans le réseau France 3 ou plutôt « Ici ». Un réseau où la transparence est aussi limpide qu’un brouillard automnal. Ici, on ne dit rien, on fait.
Comme pour la marque « france.tv » glissée subrepticement à l’antenne début juin. Un petit coup de peinture sur la façade, et hop, circulez, y’a rien à voir. L’identité historique de France 3 ? Dissoute. Elle aussi en douce.
Et pendant que les téléspectateurs s’interrogent sur ce nouveau vernis, les effectifs fondent comme neige au soleil, sans que cela ait… juré, craché… aucun impact sur la qualité des reportages, ni sur les conditions de travail. Bien sûr. Parce que produire plus avec moins, c’est le nouveau miracle managérial. À ce rythme, bientôt, un seul journaliste suffi ra pour couvrir trois régions, deux grèves et un festival de la saucisse.
En douce, certaines éditions locales ferment 16 semaines par an. Oui, seize. Un tiers de l’année sans info de proximité. Pour un Réseau qui se veut « Ici », c’est un peu « ailleurs » qu’on envoie les téléspectateurs. En douce, on saborde la fidélité du public, comme si l’ancrage local était un vieux concept poussiéreux.
En douce, la direction de l’info et la direction du Réseau préparent un changement majeur dans l’élaboration des contenus nationaux et internationaux des éditions régionales, en fusionnant IV3 et FTR dans une direction de l’info régionale délocalisée à Lyon, en confiant l’élaboration des sujets à des journalistes deskeurs… Le tout, sans consulter le CSE du Réseau.
En douce enfin, les salariés régionaux de la Fabrique sont invisibilisés, transformés en fantômes.
En catimini, on assiste à une restructuration qui ne porte pas son nom.
Le CSE découvre les projets après coup. Pas informé, pas consulté. Sauf lorsque le tribunal l’impose. Parce qu’en douce, on a oublié que la démocratie sociale n’est pas une option, mais une obligation. « Ici » on consulte les salariés comme on consulte la météo : quand ça nous arrange. Et si on peut les laisser affronter la tempête dans l’ignorance, avec le moins d’informations possibles, c’est encore mieux !
En douce, on efface, on remplace, on fait semblant. Et pendant que les décisions tombent en douce, mais sans douceur, les salariés trinquent et le service public se délite. Lentement. Silencieusement. Mais sûrement.
Soyez sûrs d’une chose : notre réaction à nous ne se fera pas… en douce.