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Préalable SNJ au CSE Siège du 19 juin 2024

Le coup de poker du 9 juin au soir pourrait, le 7 juillet prochain, créer les conditions d’une cohabitation. L’extrême droite est en mesure, tout comme l’alliance de gauche, de l’emporter. Dans ce contexte, au sein de cette instance, nous ne mélangerons pas tout, d’autant plus que le SNJ s’est déjà prononcé en appelant à manifester ce week-end contre l’extrême droite.

C’est donc de notre avenir dont nous aimerions parler. Juste avant la dissolution de l’apprenti sorcier et quelques-uns de ses conseillers, le gouvernement aujourd’hui en sursis voulait fusionner les entreprises de l’audiovisuel public, après un passage structurel par une holding. Demain, l’extrême droite veut le privatiser. Le souci, c’est que jusqu’au 9 juin autour de 21 heures, notre présidente avait épousé l’idée de la fusion, nous affaiblissant un peu plus sous couvert de nous rendre plus forts. Nous n’avons pas besoin d’un parti politique porteur de haine, d’exclusion et de fake news pour avoir à nous inquiéter encore un peu plus pour notre avenir.

Les fossoyeurs sont à l’intérieur. Nous aimons bien cette expression au SNJ parce qu’elle est juste. Il faut avoir ce regard sur ce que nous produisons à l’antenne maintenant avant de crier au loup. Qui fait le lit des populismes ? Qui a mis récemment un président de parti d’extrême droite au même niveau qu’un premier ministre en prime time ? Qui, à coup de micros-trottoirs depuis une semaine, essaye de nous expliquer les raisons d’une colère ponctuelle alors qu’elle est profonde ? Des ténors de la majorité, en 2022, n’avaient pas appelé à voter contre le RN au second tour des législatives dans près de 80 duels face à la NUPES. Or, qui laisse à penser à longueur d’éditoriaux que le mal ne viendrait que d’un mouvement, en omettant de faire ce même travail avec tous les partis de l’échiquier ?

Oui, nous avons une responsabilité, ou plutôt, ils ont une responsabilité ! Ceux qui nous dirigent en circuit court, nous transformant en prestataire de service. Il est trop tard pour changer de ligne éditoriale, même si les mauvaises audiences pourraient être une bonne occasion de le faire. Mais il faudrait tellement de changements pour remplir notre mission de service public !

Comme stopper les mises à l’écart, les spéciales en vase clos, les parrainages entre amis. Et les discriminations déniées par ceux qui les pratiquent. En dénonçant une fois de plus ces agissements, certains de nos élus s’exposent à encore plus de représailles… Tant pis, c’est aussi ça l’engagement ! Mais que celles et ceux qui pratiquent ce qui est pénalement condamnable ne soient pas pour autant rassurés. C’est si énorme que même ceux qui ne nous croyaient pas commencent à s’en rendre compte.

La période d’instabilité politique actuelle pourrait nous pousser à nous dire que tout cela est secondaire ! Mais ce climat au sein de la rédaction est révélateur d’un funeste état d’esprit. Nous verrons, après les élections, ce que la démocratie nous réserve. Nous constatons déjà en interne ce que le manque de démocratie provoque.

Paris, le 19 juin 2024