0 3 minutes 55 ans

Après une longue consultation pour recruter un nouveau rédacteur en chef – recrutement dont on nous assurait, il y a quelques mois, qu’il ne serait pas nécessaire – la direction de Martinique La Première a fait son choix : personne.

Personne… Dans les quelque 2700 journalistes du groupe France Télévisions. Personne d’autre, parmi la vingtaine de candidats qui aurait postulé.

Non : le choix de la direction régionale, encore à la rédaction en chef de notre principale concurrente radio RCI (Radio Caraïbes Internationale), il y a deux ans, se porte aujourd’hui sur l’un des proches collaborateurs de son ancienne équipe.

Alors qu’on nous rebat les oreilles avec les difficultés budgétaires pour les équipes de base, on ne lésine pourtant pas sur les moyens pour embaucher un encadrant de l’extérieur.

Un journaliste du privé peut donc franchir, d’un coup, d’un seul, toutes les haies que l’ensemble des salariés a eu à sauter, pour intégrer le groupe – pigiste, journaliste de terrain, titulaire et ensuite, seulement, éventuellement, encadrant – du seul fait de sa proximité avec une direction régionale ?

Voici donc un rédacteur en chef qui devra tout à cette direction et ne pourra rien lui refuser.

Cette situation inédite entraîne donc de nombreuses questions :

  • Qu’attend exactement la direction de cet ancien collaborateur ?
  • Ce recrutement signifie-t-il que la ligne éditoriale de RCI, à laquelle le service public s’oppose sur des points fondamentaux, est le nouveau mode d’emploi de nos rédactions ?
  • Connaissant les accointances de RCI avec le monde politique et économique, comment envisager sereinement ce transfuge ?
  • Prenons un seul et simple exemple : l’affaire Bardella-Zandronis. La journaliste de RCI Guadeloupe, Barbara Olivier-Zandronis, a été immédiatement écartée de l’antenne, puis du groupe RCI, après une interview sans complaisance de Jordan Bardella.

N’ayant obtenu aucune pige à France Télévisions aux Antilles, depuis un an, cette consœur a dû se résoudre à se rendre dans l’hexagone cette semaine, pour proposer ses services à Outremer La Première.

Quelle a été la position du rédacteur en chef choisi à l’époque ? Officiellement, aucun encadrant du groupe RCI n’a osé s’opposer à cette aberration.

Quel sera le traitement politique, sur Martinique La Première, dans ce contexte de percée de l’extrême droite ?

Quelles sont donc nos garanties d’indépendance journalistique ?

Le SNJ le rappelle en cette période où les menaces sur le journalisme sont multiples : conserver et protéger notre indépendance éditoriale est crucial.

La Martinique, le 14 mars 2025