0 5 minutes 54 ans

Par où commencer ? La liste est longue et le film a tellement duré que les protagonistes eux-mêmes ont perdu le (fil) conducteur. Pas de marmotte dans l’archipel, pourtant, c’est « Un jour sans fin ». La sensation étrange de vivre les mêmes situations éternellement.

Chaque matin, le même scénario désolant d’une rédaction épuisée !

Prenez un effectif historiquement sous-dimensionné de plus en plus sollicité, des moyens de plus en plus restreints et un turn-over d’une grande partie de l’équipe ces derniers mois : vous obtenez une rédaction au bord de la crise de nerfs.

Quand mutualisation et polyvalence virent au numéro d’équilibriste permanent…

La réalité ? Une équipe télé qui « tourne en longueur » pour pouvoir reprendre et monter des interviews pour les prochaines éditions radio.

Un reporter affecté à la radio qui « tient le micro » de la caméra et découpera l’interview avec le monteur, pour un off itw dans le journal du soir en plus des sons pour la radio.

Un rédacteur planifié web ou télé ou encore un encadrant qui « prend le flash » de 18h00 pour remplacer le présentateur radio, occupé à finaliser un montage pour la matinale du lendemain, ou un reportage télé pour le soir même. Vous ne suivez pas tout ! Nous non plus. Pourtant, c’est notre quotidien.

Les conséquences ? De jeunes CDD pressés comme des citrons, que l’on envoie sur des sujets délicats ou à l’antenne sans véritable accompagnement. Et des titulaires qui pallient en permanence.

Pallient les absences non programmées, faute de vivier de pigistes sur place. Pallient un manque d’anticipation. Pallient un manque d’organisation. Pallient le manque de suivi des jeunes journalistes fraîchement arrivés sur le territoire. Et qui tombent un à un. À qui le tour ?

Une souffrance qui n’est pas entendue, et des alertes comme des coups d’épée dans l’eau.

Des émissions reconduites coûte que coûte, malgré les alertes formulées sur le manque de moyens humains.

Choix de la thématique, des invités, commande de palette, bande-annonce pour la télé et la radio… de quoi se sentir bien seul(e).

Des améliorations ont été apportées, c’est sûr, et certaines propositions ont été retenues. Pré-plannings sur deux semaines, prévision des tournages en soirée à court terme… Mais trop de difficultés perdurent et l’équipe s’essouffle.

L’éditorial ? Que dire. Comment traiter les sujets de fond dans ces conditions ? Un bon sujet est un sujet diffusé, nous a-t-on appris pour beaucoup dans les écoles.

À St-Pierre et Miquelon la 1ʳᵉ, un bon journal est un journal rempli.

Un sujet qui tombe à l’eau ? Le Off Itw deviendra un reportage ! Tant pis pour la pertinence !

Pas le temps de réfléchir, il faut remplir !

Un sujet aussi prévisible qu’une éclipse, évoquée régulièrement en conférence de rédaction depuis 3 semaines, sera traité dans la précipitation, sans anticipation comme une breaking news…

À St-Pierre et Miquelon la 1ère, on traite tout dans l’urgence, les éclipses comme les marronniers. Dans un territoire où l’actualité de dernière minute est souvent rare, il semble que prévoir soit devenu impossible.

Saint-Pierre… et Miquelon La 1ère ?

Manque d’effectif, manque d’anticipation, couvrir l’actualité de Miquelon devient mission quasi impossible.

Et comme si cela ne suffisait pas, les équipes sont forcées à travailler « en mode secours » régulièrement le week-end, faute de pouvoir redémarrer le système de MAM avant le lundi matin… Sans doute un entraînement pour les travaux de la nouvelle régie qui vont durer plusieurs mois.

Le résultat ? Une équipe profondément fatiguée et désabusée qui tente malgré tout de faire son travail le mieux possible. Un collectif autrefois uni qui se dissout. Une vraie souffrance de ne pas avoir les moyens de proposer aux téléspectateurs, auditeurs et internautes de Saint-Pierre comme de Miquelon, les informations qu’ils méritent, dignes du service public.

St-Pierre, le 18 avril 2024