« A France TV, le service des Sports est un bastion sexiste »
C’est ainsi que Mediapart titre son article sur la direction des Sports. Une enquête de plusieurs semaines qui fait suite aux déclarations dans le journal L’Equipe d’une ancienne journaliste du service. Mediapart a recueilli de nombreux témoignages qui confirment l’existence de comportements sexistes, notamment au sein de la rédaction (voir notre texte du 26 juin: Direction des Sports — Après l’enquête et le constat, nous exigeons des actes !)
Un article paru le jour même où le rapport du cabinet indépendant Interstys a été présenté aux équipes du service et à la commission « égalité professionnelle et lutte contre les discriminations » du CSE. La direction de France Télévisions avait en effet décidé de confier à ce cabinet une enquête sur les suspicions de harcèlement et de discrimination aux Sports.
Alors évidemment, cela a été le point fort de ce CSE.
« Il faut être intransigeant et ne pas laisser des situations intolérables perdurer », annonce le directeur des Sports, Laurent-Eric Le Lay. L’objectif affiché est « que le Service des Sports soit exemplaire, je m’y engage personnellement ». Quand on entend les conclusions du cabinet Interstys et quand on lit l’article de Mediapart, on comprend qu’un gros travail est nécessaire. Rappelons que le SNJ exige depuis des années que ce travail soit mené!
Pour y parvenir, le DRH du secteur, Olivier Pinson, a détaillé un plan d’actions individuelles et collectives. Formations obligatoires destinées à tous (encadrement compris), groupes d’échange et de parole, entretiens professionnels, cellule d’écoute en présentiel dans le service.
Les faits de harcèlement (pas uniquement moral) et de possibles discriminations avec implication sur la carrière ne semblent pas niés par la direction. Mais Laurent-Eric Le Lay nous dit être déterminé à y mettre fin, tout comme aux propos et comportements sexistes.
Quant à une féminisation de la rédaction (7 femmes titulaires aujourd’hui, sur un effectif d’une soixantaine de journalistes), « la situation actuelle ne permet pas forcément des embauches immédiates »,selon la direction, mais elle annonce qu’elle fera un gros effort sur l’appel aux consultantes sportives pour certains événements.
Ce dossier a évidemment ému les élus du CSE, d’autant qu’il intervient un an après celui de la rédaction numérique de Franceinfo. La question du harcèlement et du sexisme à France Télévisions n’est clairement pas l’affaire d’une génération ou d’un service en particulier.
D’autres faits, comme les méthodes de management brutales observées ailleurs dans l’entreprise, sont également inadmissibles et nous les condamnons fermement. Les élus SNJ seront extrêmement attentifs à la mise en place des mesures annoncées à la direction des Sports et à l’accompagnement des salariés.
Vers un retour à la normale ?
La présence sur site augmente doucement, pour atteindre ces derniers jours 900 collaborateurs et environ 150 prestataires. Toutes les emprises sont rouvertes, sauf en Guyane où des cas avérés de Covid ont conduit à des quatorzaines.
Le Siège compte aujourd’hui 3 malades, 273 sont guéris depuis le début de la pandémie.
La règle demeure d’éviter toute concentration et croisement de personnels, d’où des parcours fléchés et des entrées-sorties distinctes dans le bâtiment. Sur ce dernier point, nous regrettons toutefois que le nombre de portes d’accès n’ait pas été augmenté pour éviter des détours.
Quant au restaurant, arrêt du zonage et accès à tout l’espace, avec toutefois un nombre limité à chaque table.
Pour les travaux de réaménagement, arrêtés depuis de longs mois déjà, pas de redémarrage au mieux avant septembre.
Et demain ?
Environ 20% de présence sur site en ce moment, l’objectif est de passer à 30% à la mi-juillet, fin de la période d’urgence sanitaire. Après les vacances d’été, tous les personnels devraient retravailler en présentiel. Ils y retrouveront leurs beaux openspaces, dont le principe n’est pas remis en cause par la direction, qui se contente de mettre en avant les séparations en plexiglas pour limiter les contaminations.
Et puis cette fois, Madame Sobry nous l’assure (elle est en charge de la sécurité), France Télévisions est prête à affronter une éventuelle deuxième vague. L’expérience est là, les stocks sont conséquents. Du gel, des masques en tissu (90.000 de plus disponibles pour septembre), sans compter des modèles plus filtrants (type FFP2) réservés à des situations plus spécifiques. Justement, les élections municipales et les meutes de journalistes autour des candidats étaient une bonne occasion de s’en servir. Or, malgré notre demande auprès de la direction de l’info de veiller à ce que les équipes du Siège, des bureaux en régions et de France 3 en disposent, pas de réponse. Outre les antennes, les pirates informatiques ont peut être bloqué leurs messageries !
Et pour finir, va-t-on assister à la disparition des opérateurs-prompteurs ?
Demain, Télématin va devoir s’en passer, soit deux postes supprimés (un reclassement et un départ).
Alors, est-ce le début de la fin pour tous ces personnels ? Si la direction nous assure qu’ils seront maintenus pour les journaux, pouvons-nous la croire sur parole ?
Souvenons-nous du Soir 3 où des postes d’assistants n’ont pas été maintenus, alors qu’à l’époque on nous jurait le contraire !
Paris, le 29 juin 2020