À France Télévisions, la direction profite de chaque opportunité pour accélérer ses projets de fusions. Utilisant la crise agricole, France 3 et France Bleu ont un peu plus affiché leur liaison dangereuse, sans doute poussées par les deux PDG, Delphine Ernotte et Sibyle Veil.
Cette crise agricole est devenue, en quelques jours, le tremplin d’une fusion qui ne se cache plus.
Les équipes de France 3 et France Bleu ont travaillé ensemble, comme si de rien n’était, comme s’il s’agissait de la même entreprise. Au-delà des matinales communes imposées à toutes et à tous, c’est une vraie fusion des moyens qui a été mise en place par les directions, sans tenir compte de quoi que ce soit. Différents statuts, différentes conventions collectives, et, cerise sur le gâteau, média différent.
Mais où est donc passée la régionalisation ? La réforme « Tempo », imposée cet automne avec morgue et brutalité aux rédactions régionales, augmente fortement la durée des journaux régionaux. Sans leur donner les moyens d’effectuer leur mission. Elle ampute aussi un peu plus l’autonomie éditoriale des rédactions régionales.
Après avoir balayé brutalement le travail des journalistes de la rédaction nationale, la réforme “Tempo” menace désormais tout France 3, historiquement implantée au plus près du public, depuis presque 60 ans.
Car ce sont les reportages eux-mêmes qui sont délaissés. Trop chers, trop longs à produire. Pour informer leurs concitoyens, les journalistes du réseau régional de France 3 sont priés de privilégier les “stand-up” en direct, les longues chroniques ou interviews en plateau, sans aller sur le terrain. Se montrer, faute d’avoir le temps et les moyens de montrer !
Résultat : des salariés qui sombrent par dizaines, épuisés par la charge de travail et minés par l’impossibilité de faire correctement leur métier.
Mais aussi des citoyens, téléspectateurs et internautes, des entreprises, des associations, des collectivités locales qui n’auront plus accès à une information fiable et indépendante. Cette même information que la direction de France Télévisions ne cesse de vanter à Paris, mais qu’elle ne juge plus rentable de leur délivrer en régions.
Face à ce mépris, les journalistes des rédactions régionales de France 3 ne céderont pas. Avec le SNJ, ils continueront de se battre pour défendre les conditions, le sens et le droit d’effectuer dignement leur travail.
Paris, le 30 janvier 2024