
Liminaire des élus du SNJ au CSE Réseau régional du 16 septembre 2025
Alors que le pays est quasi à l’arrêt, notre direction, elle, accélère le mouvement. Mais pas dans le bon sens. Voilà un an que le projet Tempo a accouché d’une souris. Ou plutôt d’un accident industriel.
Le projet originel nous vantait sur le papier une nouvelle étape vers la régionalisation.
Or, pour cette rentrée, notre réseau a encore beaucoup perdu, et pas seulement dans la compression des effectifs et les économies toujours exigées.
Sept minutes de temps d’antennes qui nous échappent avec l’émission On vous emmène ici, produite par FTR, qui nous fait découvrir le patrimoine de notre cher pays.
Un choix passéiste pour le moins hasardeux, vu l’actualité sociale du moment.
Au lieu de laisser cette part d’antenne à une information régionale ancrée dans les territoires, on préfère présenter aux téléspectateurs une carte postale avec un “expert” interrogé en visio.
La première semaine nous laisse rêveur. Nous avons emmené le public dans la Vallée Blanche, au Mont Saint-Michel, aux alignements de Carnac, à la grotte Chauvet. Quelle originalité !
Pourtant, la direction nous incite à innover, à nous tourner vers l’avenir.
En guise d’avenir, elle propose un dinosaure du PAF en la personne de Michel Field, dans une émission censée prendre le pouls de notre pays… alors que des dizaines de milliers de jeunes sont dans la rue. Surprenant : les audiences ne sont pas au rendez-vous.
Cette grille de rentrée nous montre encore une fois que vous êtes complètement déconnectés de la réalité.
Sans le moindre élan créatif, sans dynamique constructive, bref sans imagination… si ce n’est pour un concours de moules-frites ou une balade patrimoniale.
Quel mépris pour les salariés, leurs idées, leur savoir-faire, leur expérience pour donner à voir des sujets de société qui intéressent vraiment nos concitoyens.
Alors que nous reste-t-il ?
Même pas Question pour un champion, l’émission culte, véritable rampe de lancement de l’édition régionale depuis 1988. “Le format a vieilli”, entend-on. Le jeu a réuni plus d’un million de personnes à son extinction, mais il est rayé d’un trait de plume.
Seule éclaircie en cette triste rentrée : le retour de l’édition nationale, mais pour un soir seulement !
Le 8 septembre, lors du vote de confiance de François Bayrou à l’Assemblée Nationale, nos téléspectateurs ont eu droit à un décrochage qu’ils n’avaient pas vu depuis belle lurette.
Qu’ils ne s’habituent pas trop : la disparition de la fabrication de l’info par la rédaction nationale est bien programmée.
Une information que vous avez omis de nous préciser, M. le Directeur, lors du précédent CSE. Contrairement à vos dires, la partie nationale et internationale de nos JT sera désormais supervisée par “un hub” situé à Vaise.
Un document d’information-consultation a été remis en ce sens aux élus du CSE siège et nous demandons aussi à être informés et consultés ici même.
Et on nous refait le coup des ateliers bla bla, mais en plus moderne. Une consultation dénommée “notre conversation”, qui vise à élaborer “un panorama partagé de notre transformation et de nos priorités”, dixit la Présidente. Comme pour les ateliers, ces simulacres de participation, la démarche vise une fois de plus à légitimer des projets déjà pensés en contournant les instances représentatives des salariés et les élus.
“Perte de sens au travail et conditions dégradées” résonnent de plus en plus dans la bouche des salariés, si vous preniez seulement la peine de les écouter.
En résumé, à l’heure où la menace d’une holding plane toujours sur nos têtes avec de surcroît l’annonce d’une remise à plat brutale de notre accord collectif, rien n’est fait pour rassurer les salariés du Réseau.
Alors, on tente de nous charmer par de vaines paroles vantant une prétendue régionalisation, des chiffres d’audience du web qui vont migrer sous le pavillon Ici Radio France, et surtout des grilles de programmes et d’information dignes de l’ORTF. Bref, d’un autre temps.
Paris, le 16 septembre 2025