Exemplaire ! Nous aimons mettre ce mot en exergue dans nos communications. Il est pour nous indissociable du Service Public que nous défendons. Et il faut hélas reconnaître que nous nous éloignons trop souvent de cette nécessaire exemplarité, de cette éthique indispensable à la confiance que nous devons inspirer à notre public au quotidien.
La campagne présidentielle qui se déroule sous nos yeux est un terrain de jeu idéal pour que cette exemplarité s’impose à nous et aux autres. Pourtant, malgré l’importance de l’échéance, certains comportements ne changent pas.
Par exemple, quand un présentateur qui pense toujours que l’édition qu’il incarne lui appartient, traite avec désinvolture une candidate à la présidentielle. Tout simplement parce qu’il ne voulait pas d’un invité politique dans son journal. Elle venait pourtant de se déclarer le matin même. Alors peu importe l’image de la rédaction, l’intégrité éditoriale… Ce qui compte, c’est lui et rien d’autre… Au SNJ nous disons que notre force c’est l’indépendance pas le mépris, le collectif pas l’égocentrisme, le respect combatif, pas l’irrévérence sans argument.
Dans un dispositif de couverture d’une élection présidentielle, il y a aussi les grands rendez vous comme «Elysée 2022». Il ne nous appartient pas d’en définir ici la ligne éditoriale mais nous sommes très surpris de l’annonce faite dans un quotidien par le directeur de l’information Laurent Guimier. La présence d’animateurs du groupe pour interroger les candidats invités est une confusion des genres inacceptable. Un magazine d’information doit rester un magazine d’information. On peut en plus s’interroger sur un changement de formule (énième changement), à quelques semaines de ce grand rendez-vous électoral. De plus, faire appel à des animateurs de France Télévisions alors qu’en même temps on se priverait des compétences de journalistes reconnus, constitue un affront à la rédaction nationale.
Dernière symbolique de cette présidentielle et des fausses notes internes : la soirée électorale du 1er tour et sans doute celle du second, se dérouleront sur France 2 et sur France Info. L’effacement de France 3 est acté. Ce n’est pas un problème de doublon, de cohérence ni d’économie. C’est un message clair qui prolonge le mauvais signal que portait en lui la fusion. Une acquisition-disparition. Et quand on nous dit que pour les législatives, France 2 laisserait l’antenne à France 3, on rit sous cape. Nous demandons donc à la direction de rétablir une soirée électorale pour les présidentielles du côté bleu. En mutualisant, en réfléchissant, en respectant tout le monde, elle devrait y arriver. Et pourquoi pas des soirées dans les différentes entités régionales, d’ailleurs.
Ceux qui pensent, en rétrécissant le champ de vision des téléspectateurs, faire monter l’audience de France 2 ce soir là, peuvent avoir de mauvaises surprises. Sachez que le plus souvent, une majorité des fidèles du 19/20 bascule ensuite sur une chaîne privée pour regarder le 20 heures (et nous le regrettons), comme nous le disions déjà au moment du funeste projet qu’est la fusion des rédactions. Alors restons fidèles à ceux qui sont, avec nous, attachés au service public. Et respectons aussi celles et ceux qui font vivre l’information au quotidien dans les éditions de toutes nos antennes.
Paris, le 27 janvier 2022