Jusqu’ICI, tout va bien !
« Je suis un décentralisateur ! », déclame Philippe Martinetti. À quelques jours du grand lancement d’ICI, le général du réseau s’affiche confiant, autour d’un gouvernement largement remanié. Ministre du projet Tempo depuis un an, Sophie Guillin a lâché l’affaire et passé les commandes à Erik Berg, nommé directeur de l’information des régions.
L’ex de France Info se veut rassurant, il a vu plein de numéros zéro en région et c’est super ! Surtout la partie nationale d’ailleurs, d’après lui. Les lancements, nous précise-t-il, sont écrits par des journalistes du siège. Les autres apprécieront…
Bref, jusqu’ICI tout va bien malgré les doléances éditoriales qui le soulignent toutes : l’articulation entre l’info régionale et internationale ne fonctionne pas ! Passer d’une fin de canard sur la fabrication du champagne au meurtre d’un gamin à Marseille, c’est pour le moins compliqué…
De son propre aveu, Erik Berg n’a pas pris la peine de lire l’expertise sur les conséquences de Tempo sur les conditions de travail et la santé des salariés. Dommage, il aurait beaucoup appris. En attendant, on a sécurisé le décollage de Tempo. Réunion de service, entretien téléphonique, formateurs détachés dans les antennes…
Les directeurs régionaux auront droit à plus de CDD en septembre pour assurer le coup. Dans certaines antennes, cela peut prendre la forme de missions provisoires. Mais quid des 60 emplois à temps plein, promis depuis des lustres ? La répartition sera connue le 22 septembre en commission éco. Pour l’instant, la pérennisation de postes à l’édition, dans l’encadrement ou autre, est remise en fin d’année, histoire de « vérifier que cela corresponde bien aux besoins » (sic !)
Plus dur sera l’atterrissage lorsque le Réseau sera tombé dans la routine de cette nouvelle grille qui va étirer et intensifier nos journées de travail. « Je ne vois pas le crash annoncé, estime Erik Berg. On peut toujours faire mieux dans un monde idéal. » Pas faux.
On aurait surtout pu préparer un peu mieux le terrain. Aux antennes de se débrouiller une fois les trois sujets d’actu, un décryptage et le dossier envoyés par le Siège chaque jour. Un premier bilan sera fait dans trois mois.
En attendant, et encore pour quelques jours, de nombreux salariés ne connaissent pas le contenu exact de leurs futurs JT. Les questions de charges de travail, de charge mentale, notamment pour les techniciens de régie et les présentateurs, l’évaluation des risques professionnels sont encore dans le flou. Comme l’a fait remarquer à la direction l’inspecteur du travail de Rouen dans deux courriers transmis aux élus.
Bref, on y croit, on serre les dents, on croise les doigts et ça va passer ! En espérant que nos téléspectateurs seront toujours au rendez-vous après la disparition de leur JT national. Aucune grande campagne de communication n’a été faite sur ICI. Preuve que la direction avance masquée et sans vision dans cette histoire. On a surtout l’impression que le véritable numéro zéro sera le numéro 1, en temps réel.
« Mais c’est une transformation majeure comme nous n’en avons jamais connue », rebondit le directeur du réseau Philippe Martinetti. « ICI va changer le visage du réseau ! » Au risque de perdre la face et notre identité…
Paris, le 31 août 2023