Liminaire des élus SNJ au CSE du réseau France 3 des 15 et 16 octobre 2025

Tirer à vue sur l’audiovisuel public est désormais le dernier sport à la mode, et France Télévisions est devenue l’entreprise à abattre, et ce, par tous les moyens.

Rapport très préoccupant de la Cour des comptes qui fustige la gouvernance du navire et les errances de notre actionnaire. Déchaînement haineux de certains médias extrémistes à notre encontre, sans que cela émeuve notre ministre de la Culture intermittente. Remise en cause brutale de notre accord collectif. Et pour couronner le tout, le fantôme de la holding. Bref, n’en jetez plus, il serait temps d’arrêter de tirer sur le pianiste et de réfléchir à une vraie stratégie !

Aujourd’hui, c’est notre mission même de service public de l’information qui est jetée en pâture. Certains n’hésitent plus à demander une privatisation, voire un plan social. L’heure est grave et nous attendons une réaction forte et digne de nos dirigeants pour nous rassurer.

Mais qu’entend-on ? Une proposition peu rassurante prônant les polycompétences pour réaliser encore plus d’économies, un discours numérique lénifiant sur le prétendu désintérêt des citoyens pour le linéaire et une déclaration de guerre de la présidente contre nos accords d’entreprise jugés “obsolètes et passéistes”. Ainsi, nous serions des nantis, en quelque sorte. Désormais, nous sommes dans le recul et le renoncement permanent.

Trop de congés, trop de récup, trop de salaires, trop c’est trop, le Réseau ne se sent pas concerné par ces attaques. Le Réseau, vous savez, c’est cet endroit dans l’entreprise FTV ou l’on peut travailler comme journaliste pendant 40 ans sans jamais atteindre un niveau supérieur à GR2, cet endroit où pour obtenir une récup méritée, il faut aller pleurer dans le bureau du directeur.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’un cap, d’une direction attentive aux demandes des salariés qui, comme beaucoup de citoyens, sont perdus entre un gouvernement fantôme et une assemblée incontrôlable.

Le bilan social et économique du réseau France 3 est inquiétant pour l’avenir, malgré les efforts financiers et humains à nouveau consentis en un semestre.

Encore une fois, le Réseau est soumis aux coupes claires et doit montrer l’exemple, mais nous entendons cette même ritournelle depuis plus de vingt ans.

Un Réseau saigné à blanc au point d’être déjà sacrifié par la disparition des éditions nationales au siège sur l’autel des économies drastiques exigées par nos gouvernants.

La compression des effectifs ne cherche à masquer qu’une réorganisation structurelle du Réseau pour faire encore plus d’économies.

L’info et les programmes sont menacés et nous sommes en droit de nous interroger si nous répondons aujourd’hui aux attentes des citoyens désireux d’être mieux informés près de chez eux.

On nous parle de montrer un savoir-faire adapté aux réseaux sociaux et nous, nous parlons d’information certifiée, d’enquête et d’investigation dont sont friands les citoyens téléspectateurs.

On nous parle de concours de moules frites ou de “battles de pizzas”, nous répondons par des programmes culturels enrichissants.

Pourquoi ne pas créer des émissions innovantes en région avec nos propres moyens en interne plutôt que de confier majoritairement nos programmes au privé ?

Alors oui, pour conclure, le SNJ croit encore à une partition entraînante pour l’avenir, mais sans fausses notes, si possible.

Paris, le 15 octobre 2025