Préalable SNJ au CSE Siège du 22 mai 2024
Une entrée sur la musique de Pretty Woman… Un plateau partagé avec Richard Gere… En temps normal, on en aurait peut-être un peu rigolé… Mais recevoir ainsi au 20 Heures la ministre de la Culture, dans le contexte actuel, laisse un sacré goût amer… Le présentateur a fait le taff dans l’interview sur la fusion programmée de l’audiovisuel public, la grève à venir et les inquiétudes des salariés.
Non, l’objet de notre courroux n’est pas à son adresse. C’est plutôt le mensonge asséné par la ministre qui nous irrite. Avec ce fameux mantra :
– « Rassembler c’est rendre plus fort », contre les Netflix, Amazon et compagnie…
– « Rassembler c’est lutter contre les fake news »… tout en en créant une énorme au passage…
– « Le financement sera pérenne »…
Pendant quelques minutes, comment ne pas bondir de colère ? La fusion voulue par Rachida Dati, qui ne s’intéresse que depuis peu à la question, n’est rien de ce qu’elle en dit !
Nous, notre mantra, vous le connaissez : « regrouper, c’est affaiblir ». Nous l’avons déjà écrit et nous le dirons haut et fort jeudi et vendredi pendant notre mouvement de grève intersyndical et inter-entreprises du secteur !
À la lumière de ce qu’a déclaré l’acteur Vincent Lindon sur France Info, à propos de la fusion : « C’est une régression dans un des plus beaux pays du monde, voire le plus grand pays du monde pour la culture ».
Cette proposition de loi sénatoriale qui instaurait une holding est devenue à l’Assemblée un projet de fusion, par la grâce d’un amendement ajouté en toute discrétion le 10 mai dernier.
La commission des affaires culturelles a voté cela, maintenant le temps des débats est venu à l’Assemblée. Nous verrons bien…
Une ministre qui fait dans l’élément de langage en plein 20 Heures, et pendant ce temps-là nos dirigeants prennent de grandes décisions ! Antisociale comme d’habitude, la direction produira le débat entre le premier ministre et le représentant de l’extrême droite avec des moyens privés… On ne change pas une équipe qui perd ! Nous verrons avec l’intersyndicale comment réagir à cette provocation, une de plus…
Non contente de défier les règles du gendarme des médias (l’ARCOM), la présidente et ses affidés se moquent bien de notre conflit et même de France Télévisions. Madame Ernotte est bien trop occupée à faire campagne pour diriger la future grande maison France Médias.
Pendant ce temps, on continue à abîmer. Le réseau régional mutualise à tour de bras, pour passer d’une régionalisation de proximité à des journaux “grande région”, soit la totale opposée. Au passage, nous ne savons toujours pas quel sera le visage d’ICI l’année prochaine. Ni dans les 24 antennes, ni pour la partie nationale.
Quid des 3 et 7 minutes produits par les équipes du Siège ? Quid du news national et international quand on sait que le directeur de l’information veut utiliser les sujets de France info, réalisés par les deskeurs (journaliste/monteur) pour alimenter les journaux régionaux. Non seulement c’est contraire à l’accord France Info, mais en plus, il pose la question de l’activité des journalistes de la rédaction nationale qui participent aux journaux nationaux de France 3 réalisés pour les antennes régionales…
En même temps, cette même direction dit devoir économiser une vingtaine d’ETP (équivalent temps plein) à la chaine info… Premières victimes, les cadres et l’édition à priori. Des journalistes en CDD qui font tourner la machine depuis des mois et à qui la direction se prépare à dire au revoir, sans merci. Et pour faire correspondre, le moins de monde avec le même temps d’antenne, sans doute que le visage de France Info changera une fois de plus. Ce qui exaspère les équipes depuis des années.
N’oublions pas, dans ce constat bien triste, les audiences des journaux de France 2 qui perdent pied face à la concurrence. Sans doute parce qu’aucune remise en cause éditoriale n’a été opérée. Et il faut y ajouter un transfert de public venant de France 3, déstabilisée, vers la Une.
Déboussolés par le grand n’importe quoi de l’organisation des tranches régionales, ils ont quitté le navire du service public, ce qui provoque des écarts de plus en plus importants entre les deux 13 Heures et les deux 20 Heures, à notre détriment. Après, on ne peut pas changer de décor, de studio et en même temps de ligne éditoriale…
À un an de la fin de son second mandat (oui, second !), qu’aura réussi Delphine Ernotte en matière d’information ? Rien !! Des journaux nationaux supprimés, un réseau régional désorganisé et affaibli, et le navire amiral en danger, victime de nombreuses avaries.
Alors, vous pouvez vous amuser en fusionnant, en affaiblissant encore plus France Télévisions. Ce ne serait en fait qu’une suite logique de ces presque 10 ans de triste gouvernance.
Paris, le 22 mai 2024