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RETOUR SUR LE SEMINAIRE EMPLOI ET COMPETENCES

Une méthode nouvelle pour redonner confiance à la rédaction nationale. C’est la feuille de route donnée par Delphine Ernotte à Laurent Guimier, considérablement affaibli par le vote de défiance. Cela tombe bien, le SNJ (Syndicat national des journalistes) demande lui aussi au directeur de l’information de revoir sa copie.

Lors d’un séminaire emploi et compétences (la veille du vote des Sociétés des journalistes), rien n’a été annoncé pour consolider les effectifs à la rédaction nationale. Malgré nos demandes, il faudra repasser pour avoir un état des lieux sur la RCC (rupture conventionnelle collective) et ses dégâts collatéraux dans les services. Aucune perspective à long terme n’a été donnée aux CDD longue durée du siège, dont cinq sur 16 ont été récemment « repêchés » (jusqu’à la fin de l’année).

Nous demandons des garanties sur les embauches des précaires, l’arrêt des méthodes managériales violentes qui consistent à mettre des CDD à la porte pour des motifs fallacieux au bout de quelques années. « Je ne suis pas tortionnaire au point de penser qu’on doit être CDD pendant cinq ans », rétorque M.Guimier. Mais d’après lui, le problème des nouveaux arrivants se situerait plutôt à l’embauche. En substance, nous ne serions pas suffisamment attractifs pour des jeunes sortis d’écoles de journalisme, frustrés de ne pouvoir exercer à France Télévisions les polycompétences acquises pendant leurs études.

Surréaliste et faux ! Nous n’avons jamais entendu un jeune journaliste tenir de tels propos. D’après le directeur de l’information, les CDD doivent désormais considérer que « la voie sacrée » entre Télématin et les différents services vers une intégration systématique à la rédaction nationale, est un modèle dépassé. La direction attend qu’ils postulent davantage à France Info ou dans les régions de France 3 ! En résumé, des précaires toujours plus mobiles et malléables…

Le SNJ appelle à une remise à plat de cette politique, les CDD doivent être accompagnés et avant tout être respectés. Tout comme les alternants qui sont de potentielles futures recrues.

Au lieu de prendre à bras le corps la souffrance de beaucoup de journalistes, soumis à une pression et à des amplitudes horaires toujours plus élevées, le directeur de l’information remet sur la table… la question des JRI-monteurs. Laurent Guimier part d’un exemple particulier, la difficulté de trouver des monteurs pour la couverture du conflit en Ukraine… D’abord, quelques JRI qui seraient en demande deviendraient aussi monteurs… Et après ? Des économies d’échelle, des emplois de monteurs en moins et la qualité des reportages tirée vers le bas ? Rappelons qu’aucun accord n’existe à France Télévisions autorisant la fonction de JRI-monteur.

C’est la raison pour laquelle le SNJ a mis le pied sur la pédale de frein. D’autant que la direction prend dangereusement la pente d’une information de France Télé low-cost ! Avec la nouvelle trouvaille du réseau France 3 en régions : des reporters en résidence (RER) sur le modèle de Radio France pour densifier le maillage. Des équipes de deux a priori… un autre cheval de Troie pour tenter d’imposer les JRI-monteurs ? Rien ne pourra être fait dans ce domaine sans l’accord des organisations syndicales. Ces nouveaux reporters à domicile découleront-ils de créations ou des transferts de postes ? Et pourquoi ne pas renforcer les BEX ou les locales ?

« Pas de plan caché », tente de rassurer le directeur du réseau, Philippe Martinetti. Pour l’instant, un flou qui n’a rien d’artistique entache ce projet. Mais ce qui est sûr, c’est que l’objectif est bien de tout tirer vers le bas au nom des sacro-saintes économies…

Le dernier étage de la fusée, montre également que la direction prend ses désirs pour des réalités en matière de polycompétences. Il lui serait difficile, voire impossible, de renégocier les accords actuellement en vigueur, afin de permettre aux « journalistes-deskeurs » de France Info de continuer à exercer leurs compétences de montage, en cas de mutation à la rédaction nationale. Alors Laurent Guimier contourne le problème et propose une politique de rediffusion à grande échelle. Reprogrammer des sujets du canal 27 dans les éditions de France 3 et France 2 ! La circulation des contenus, ce n’est pas les emplois, précise habilement la DRH. Un pôle d’actualité chaude serait donc à terme constitué parmi les effectifs de France Info, sa mission consistant à faire les premières cabines pour toutes les éditions de la rédaction nationale.

« L’équipe de France Info produit beaucoup et bien, et doit faire profiter les autres antennes de son expertise », selon Laurent Guimier. Les reportages réalisés à l’intérieur du périmètre de France Info par des « journalistes-deskeurs », un métier hybride qui n’existe pas à la rédaction nationale, pourraient ainsi être diffusés partout !

Indirectement, et même si M. Guimier s’en défend, cela permettrait d’imposer de nouvelles pratiques et donc de nouveaux métiers dans la fabrication des journaux de France 3 et France 2. Bien joué monsieur l’illusionniste ! C’est une digue déjà franchie par le passé et à chaque fois condamnée par notre organisation syndicale. Nous ne sommes pas dupes…

Le SNJ s’opposera à ce tour de passe-passe et à tout nouveau projet de casse des métiers.