Lorsque vous avez choisi de vous engager en politique, vous étiez encore directeur des rédactions des 1ères et France ô. Rien ne vous interdit, et heureusement, de traverser la ligne qui sépare le journalisme de l’action politique mais, vous le savez, cette ligne doit être franchie de manière claire, franche, et de préférence largement en amont des échéances pour éviter le conflit d’intérêt.
Or, nous avons appris votre présence sur la liste LREM pour les élections européennes avant d’apprendre votre démission : vous avez donc clairement mordu la planche en prenant votre élan. L’avenir dira si cela vous disqualifie en tant qu’homme politique, mais le risque que vous avez pris c’est de nous disqualifier, nous, journalistes des rédactions que vous dirigiez, auprès d’un public méfiant quant à la proximité entre audiovisuel public et pouvoir politique. Merci !
Merci aussi de plonger dans le doute, la sidération ou la colère, ou les trois à la fois, les salariés de France Ô, et des rédactions des 1ère, qui croyaient que vous défendiez leur avenir auprès de l’actionnaire, alors que vous aviez probablement déjà adhéré au programme de démantèlement qui s’annonce. Merci !
Merci encore pour les rédactions de Réunion La 1 ère qui devront expliquer à leur public que la présentatrice du journal télé, votre épouse, peut tout à fait continuer à présenter les journaux pendant cette période de campagne électorale.
Nous avons bien noté qu’elle ne mènera pas d’interview politique et qu’elle quitterait l’antenne le temps de votre possible campagne sur le territoire réunionnais (on devrait donc éviter, quand même, qu’elle vous interviewe). Il n’est pas question pour nous de mettre en doute ses qualités professionnelles et son indépendance, mais comprenez que vous livrez les journalistes de Réunion La 1ère au feu des critiques de ceux qui les perçoivent déjà comme soumis au pouvoir. Merci pour eux !
Réunion la 1ère SNJ démission Stéphane Bijoux
Réunion la 1ère, le 3 avril 2019