“Une information puis un démenti, ça fait deux informations”, disait le fondateur de France Soir, journaliste certes brillant, mais aux propos parfois très cyniques. L’affirmation semble, hélas, devenir un principe à l’heure du flux et du reflux. Ce week-end, à la une du journal “Le Parisien”, un témoignage exclusif, dont ce quotidien aime à faire ses choux gras. Une mère porteuse de Calais dit tout de son expérience de gestation pour autrui. Branle-bas de combat dans toutes les rédactions. Voilà que la petite dame tourne en boucle sur toutes les chaînes d’information en continu.
La rédaction nationale de France 3 attend avec fébrilité le reportage de l’équipe de France 3 Nord-Pas-de-Calais. Celle-ci trouve porte close. La mère porteuse ne répond plus. Etrange. Mais aucune interrogation sur le pourquoi de cette dérobade : ce qui compte, c’est de faire comme tout le monde, non ? Alors, on ne change pas une équipe qui perd.
Au réveil, dimanche matin, on achète le témoignage à BFM-TV, fournisseur de plus en plus fréquent de nos éditions, euros à l’appui. Tout va bien, jusqu’à lundi matin. On apprend alors que cette femme a tout inventé et que son témoignage est bidon. Mardi soir, cette « info » est toujours en ligne sur le site de France 3 Nord-Pas-de-Calais…
La belle affaire. Comme si de rien n’était, notre direction de l’information continue à vouloir aller plus vite que la musique. Diffusons parce que le voisin a diffusé. Répétons parce que l’autre a répété. Reproduisons parce que l’autre a copié. Quand l’information circulaire prend le pas sur le journalisme. Ce n’est pas le rectificatif lu dans le 19/20 national de lundi qui règlera le problème de fond. Il est temps de traiter les causes plutôt que d’avoir à subir les conséquences : le déshonneur pour la profession, et le discrédit aux yeux de notre public.
Paris, le 12 mars 2013