En Languedoc Roussillon, il n’y a plus de CDD pour les journalistes qui ont osé engager une action aux Prud’hommes contre France 3. Lorsqu’en septembre 2012, la rédactrice en chef nous avait déclaré que son objectif était « zéro CDD », nous n’avions pas tout compris. Huit mois plus tard les choses sont hélas plus claires.
Il ne s’agissait pas seulement de réduire le nombre de jours de CDD, mais d’éjecter les précaires historiques et longues collaborations de l’antenne de Montpellier. Parce qu’aujourd’hui des contrats à durée déterminée, il y en a toujours, sauf qu’ils sont attribués à d’autres journalistes. Des précaires plus jeunes, avec moins d’ancienneté… mais à qui l’entreprise réserve le même triste sort dans quelques années?
User des femmes et des hommes jusqu’à la corde (parfois entre 10 et 17 ans de CDD à répétition), pour ensuite les virer et les remplacer par d’autres est une méthode détestable qui perdure aussi dans l’audiovisuel public. Rédacteurs en chef, directeurs d’antenne, directeurs des ressources humaines : tous justifient ces « remplacements » en habillant les nouveaux venus d’aptitudes qui seraient rares et indispensables (compétence complémentaire, présentation, etc…).
Ce serait pathétique et risible si la vie professionnelle et personnelle de nos collègues n’était pas en jeu. Car ces remplacements ne sont en rien liés à des CV rares et recherchés. Rien qu’à Montpellier, plus de 10 journalistes CDI exercent la compétence complémentaire, tout comme une consoeur CDD, pourtant « black listée ». Pour la présentation, il y a au moins sept journalistes CDI avec de l’expérience sur Montpellier, mais aussi une consoeur CDD, pourtant « black listée ».
Le 15 avril nous étions 93 % en grève pour réaffirmer notre soutien à nos collègues et dire notre opposition à ces sales méthodes. Ceux d’entre nous qui ont pu se rendre à l’audience des Prud’hommes ont été particulièrement choqués par le témoignage de la rédactrice en chef. Nous attendions de cette consoeur de la solidarité, voire de la compassion, de l’humanité ou du courage.
Nous avons eu un témoignage à charge contre nos consoeurs et confrères en CDD (« ils ont refusé des contrats… »), un témoignage qui pour nous relève de la délation. Alors OUI, il y a « black-listage » à Montpellier et NON rien ne justifiera jamais une telle attitude humiliante et discriminante vis à vis de salariés.
Montpellier, le 22 mai 2013