
La fumée blanche est sortie encore plus rapidement qu’au Vatican et le ciel s’assombrit encore un peu plus au-dessus de la maison France Télévisions.
Le conclave de l’ARCOM a décidé de reconduire Delphine Ernotte pour un troisième mandat. Du jamais vu dans l’audiovisuel public après 10 ans de casse sociale et pour continuer à faire des cadeaux aux producteurs privés au détriment de notre savoir-faire en interne.
La gouvernance brutale est donc sacralisée par l’autorité dite de régulation au mépris des salariés de l’entreprise toujours plus en souffrance.
Dix années de mandat plus cinq ou moins pour compresser violemment des effectifs, effacer d’un trait de plume la rédaction nationale de la 3 et maintenant l’identité de toutes les chaînes du service public de l’audiovisuel.
Tel est le bilan désastreux qui annonce par ailleurs une transformation encore plus radicale dans les mois qui viennent.
La rigidité et la verticalité du pouvoir sont devenues les mantras de cette direction dans toutes les strates de l’entreprise.
La présidence continue de défendre mordicus le projet de holding en rêvant de s’emparer de ce nouveau bijou si cher à la ministre de la Culture.
Et la couleur est désormais annoncée et nous voyons rouge ! Fusion forcée de France 3 avec la radio publique, remise en cause des accords d’entreprise existants, direction de la performance pour raboter effectifs et budgets. La redéfinition des métiers et les polycompétences sont au programme de ce troisième mandat. Silence dans les rangs, on casse la baraque…
D’ailleurs, un budget rectificatif serait en préparation pour le réseau afin de faire tous les fonds de tiroirs pour trouver des économies, le maître mot de nos dirigeants du réseau pour justifier la grande purge à venir.
Et la santé des salariés dans tout cela ? Circulez, il n’y a rien à voir ! Peu importe les dégâts collatéraux, il faut savoir évoluer, nous dit-on, pour mieux faire avaler les couleuvres de la rigueur.
Nous avons appris récemment qu’un séminaire réunissant des cadres autour de Delphine Ernotte prépare un plan de rapprochement violent avec Radio France.
Ainsi, les journalistes de France 3 iraient sur le terrain faire les reportages, et la radio récupérerait la bande son pour faire ses déclinaisons. Dans les bureaux de RER ou dans les endroits où TV et radio sont dans le même bâtiment, on va mutualiser les voitures pour faire des économies et donc la télé serait prioritaire pour aller sur le terrain. Pour les journalistes radio : des flashs et du desk à partir des reportages télévisés.
Mais quelle télévision régionale allons-nous devenir ? Ici va finir par ressembler à rien. Cette fusion à marché forcée qui ne respecte pas les identités des entreprises ni les métiers et encore moins les accords sociaux, nous n’en voulons pas.
Le SNJ s’oppose farouchement à ce rapprochement non fondé et coûteux tant économiquement que socialement.
Nous continuerons toujours à défendre l’intérêt de tous les salariés, la sauvegarde des acquis sociaux et le respect des métiers spécifiques de tout l’audiovisuel public.
Paris, le 21 mai 2025