On nous avait dit pas de big bang pour France 3. La belle affaire. Voilà que la présidente annonçait le 3 mai dernier en CCE la réforme du réseau régional. Le tout sur la base de la réforme territoriale voulue par l’exécutif. 13 régions donc qui mettront fin aux pôles. Mais comment ? Pas de précisions encore. Seule affirmation, pas de remise en cause des éditions régionales mais quelques doutes malgré tout sur les locales. Le SNJ ne regrettera pas la disparition des baronnies régionales, véritable entreprise de sape du réseau sous les ères Carolis et Pflimlin. Nous avons dénoncé les dérives de ces superstructures, mais attendons de voir comment la présidente réformera le tout avant de crier victoire.
De plus, aucune information pour l’instant sur l’organisation sociale. 13 régions, logiquement cela devrait correspondre à 13 Comités d’Etablissements, mais cela n’est pas dit. Quid des DP, des CHSCT ? Même chose. Sans parler bien sûr des mobilités entre les futurs anciens pôles et les 13 nouvelles régions. Il est hors de question que les salariés fassent une fois de plus les frais de ces réformes qui se succèdent en fonction des dirigeants, sans jamais tenir compte de la parole des principaux concernés.
Un projet stratégique qui confirme la casse de la rédaction nationale de France 3, puisque la fusion / disparition « Info 2015 » est présentée comme inéluctable et accélérée dans le plan stratégique de Delphine Ernotte. Une inquiétude permanente pour le SNJ depuis l’annonce de ce funeste projet, qui ne cesse depuis la mise en place de la phase 1 de faire des dégâts éditoriaux et humains. Tout comme sans doute l’annonce à France Ô d’un changement d’orientation pour la rédaction nationale de Malakoff. Tournée entièrement vers le soutien du réseau des 1ères, cela semble vouloir dire, au-delà de l’intérêt pour les stations, que la voilure sera réduite à Malakoff, avec des craintes légitimes pour les emplois.
Et toujours au chapitre mauvaises nouvelles : le discours, qu’on nous dit moderne, sur la casse des métiers avec la mise en avant partout dans ce document de 20 pages de la polycompétence comme étendard. Clairement présentée comme un moyen de faire des économies, cette casse des métiers est insupportable.
Et puis il y a des fausses pistes dans ces orientations stratégiques. On parle d’augmenter la part de la production interne alors que dans le même temps la part belle est faite aux producteurs privés appelés pudiquement producteurs indépendants.
Absent enfin de la prose présidentielle, le dialogue social, car si vous avez aimé les assises « made in Ernotte », qu’on fasse appel à vous pour des discussions ou enquêtes bidon, que vos représentants, délégués du personnel, élus des comités d’entreprises, élus des CHSCT, délégués syndicaux, soient ignorés et méprisés, sachez que cela n’est pas terminé. Vous allez adorer : la concertation et la négociation avec les salariés et leurs représentants ne sont jamais citées dans ce plan stratégique, sauf pour tenter de nous faire valider les polycompétence partout dans l’entreprise… Voilà notre regard certes sombre sur les orientations stratégiques. Mais nous sommes lassés de constater qu’il faut que tout change pour que souvent rien ne change.
Enième restructuration en un peu plus de 5 ans ! Qui se soucie, au plus haut niveau de notre Service Public de l’intérêt des téléspectateurs ?
Paris, le 11 mai 2016