Campagne présidentielle 2017
Les critiques s’accumulent, de l’extérieur comme de l’intérieur, contre le traitement de la campagne électorale par les télévisions. Laissons de côté les mauvais procès, les critiques orientées et les ennemis permanents de tout ce qui est Service Public. Cependant, France Télévisions se porterait mieux si certains journalistes « vedettes » étaient tous irréprochables.
Malheureusement, quelques-uns prennent le risque de ruiner la crédibilité de l’ensemble des journalistes de France Télévisions.
Le 20h00 du dimanche 5 mars a rassemblé un grand nombre de téléspectateurs en invitant un François Fillon revigoré par le meeting au Trocadéro. Mais le présentateur n’a pas brillé par son discernement et sa capacité à débusquer ce qu’on appelle désormais les « Fake News ».
En effet, la star du journal de France 2 a laissé dire à deux reprises, sans reprendre le candidat, qu’il y avait 200.000 personnes. Martelant pour la troisième fois ce chiffre, François Fillon a été interrompu mollement pour indiquer qu’il n’y avait que 40.000 personnes selon la police.
Pourtant, la participation à la manifestation était bien l’information la plus importante du jour. Tout journaliste devait l’avoir vérifiée avant 20h00 !
Pas plus de vérification sur Franceinfo : qui, non content de diffuser sans cesse les images en provenance du parti organisateur de ce meeting, ne se donnait pas les moyens de vérifier la capacité de cette place parisienne à contenir plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de milliers de manifestants.
Ensuite, lorsque le candidat des Républicains affirmait, sans fondement aucun, que des chaînes de télévision avaient annoncé le suicide de son épouse Pénélope, mercredi matin, l’animateur du débat ne relevait pas… Silence complice, incompétence ou manque de recul ?
Le comble était atteint lorsque ce journaliste demandait à M. Fillon s’il avait « une idée sincère et profonde de qui a orchestré tout cela » au risque de relayer des thèses complotistes. En revanche, aucune question sur la crédibilité d’un candidat qui attaque l’institution judiciaire alors qu’en tant que président de la République, il serait amené à garantir son indépendance !
C’est « l’émission politique » qui se veut le lieu de référence du débat politique pour la présidentielle de 2017 qui est la plus attaquée. Où est la référence, quand on voit Patrick Buisson sur le même plateau que Marine Le Pen ? L’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, issu des rangs de l’extrême droite et connu pour ses enregistrements. « Je ne m’attendais pas à vous voir, je l’avoue » confiait la candidate du Front National face à un Buisson rappelant qu’il « n’était pas là pour (lui) faire la morale ».
Comment parler de crédibilité quand le spécialiste économique s’est évertué à démontrer que Benoît Hamon prophétisait « la fin du travail » alors que le candidat socialiste parle de « raréfaction ». A propos de la proposition de taxer les robots, également défendue par Bill Gates, le chroniqueur économique a lancé à l’invité : « C’est nouveau que vous respectiez les milliardaires comme ça ? ».
Plusieurs analystes se sont penchés sur ces émissions et ont démontré, décompte chronométré à l’appui, que le même spécialiste interrompait sans cesse les invités alors qu’ils commençaient à répondre aux questions posées, le transformant ainsi en procureur sourd. Que répondre aux téléspectateurs qui dénoncent des interviews-réquisitoires très orientées ?
Et que dire quand, dans un tableau interminable en plus de dix points, le chroniqueur-procureur pointait « les similitudes spectaculaires » entre les programmes de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen ?
Le SNJ de France Télévisions demande à la direction de l’Information de rappeler à ces journalistes les « fondamentaux de la profession » et de leur remettre en mémoire les principes de la Charte d’Ethique Professionnelle des Journalistes ainsi que les valeurs du Service Public.
En cette campagne présidentielle 2017 fortement agitée par les affaires concernant François Fillon et le Front National, les journalistes doivent, plus que jamais, être les garants d’une information impartiale, dénuée de toute volonté de faire le buzz.
Le Service public mérite mieux que cette vision étriquée de la politique, dictée par les impératifs d’audience au risque de jouer avec le feu.
Le SNJ FTV appelle la présidente Delphine Ernotte à intervenir pour éviter de tels errements du Service public, préjudiciables à l’image de France Télévisions, à la crédibilité de l’Information et à la tenue d’un débat démocratique de qualité.
Paris, le 14 mars 2017
Le Service Public doit être irréprochable !