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– FRANCE Ô –

Sacrifier France Ô sur l’autel des économies budgétaires et recycler au passage au-delà du périph’ un cadre dirigeant que les équipes de Franceinfo ne peuvent plus souffrir.

Voilà les deux messages adressés par la Présidence de France Télévisions à la veille du week-end de Pentecôte aux salariés de Malakoff, en ne démentant pas les informations diffusées dans la presse sur une fermeture possible de France Ô et en officialisant une exfiltration largement contestée.

Dépourvue de la visibilité nationale dont bénéficient les rédactions de France 2 ou France 3, aussi bien que du soutien que les élus locaux accordent à “leurs” stations régionales et ultramarines, Malakoff présente, il faut croire, le profil du bouc émissaire idéal.

En 2010, le passage à l’entreprise unique a entraîné la disparition de plusieurs services administratifs du site.

En 2014, la direction de l’information du Siège a prétendu sans rire effectuer sa part des sacrifices imposés au groupe en supprimant… l’AITV, une rédaction de trente postes basée à Malakoff.

Résultat, Malakoff compte aujourd’hui moins de 350 salariés contre plus de 500 il y a 10 ans. Aucun site de France Télévisions n’a connu pareille hémorragie et sacrifice d’emplois ; dans le même temps, aucun autre établissement, y compris outre-mer, n’a “profité” des redéploiements que ce mouvement aurait pu induire.

Et c’est donc ici qu’il faudrait à nouveau sabrer en démantelant la vitrine hexagonale de l’outre-mer, l’héritière de RFO-Sat ?

France Ô, une chaîne nationale dont le budget annuel ne représente qu’une partie infinitésimale aux regards des budgets de production de France 2 et France 3.

Les salariés de Malakoff en ont plus qu’assez d’être réduits aux rôles de variables d’ajustements et d’accueils de cadres devenus indésirables dans le reste du Groupe.

Quel mépris de la direction qui choisi de se murer dans le silence.

Oui, les salariés sont en colère devant ce nouveau parachutage !

Outre le rappel de pas moins de quatre directeurs régionaux à Malakoff, de mise à l’écart d’autres dont on ne sait que faire, mais qu’on tente de justifier par le biais de mission fantoches, les places de bureau risquent de devenir chères au 5ème étage de Malakoff. D’autant que les passerelles du Pôle outremer aux autres entités du Groupe semblent quasi inexistantes…

Ce seront donc encore les plus faibles et les plus précaires qui paieront. Des précaires qui attendent depuis 8 mois des postes mis en consultation et toujours pas pourvus. Le seront-ils un jour ?

Le 10 mai 2010, 84 journalistes de Malakoff obtenaient la fin de leur rattachement à l’ »Agence de proximité” de funeste mémoire pour les intéressés, et le départ de ses cadres éphémères en signant de leurs noms une motion de défiance à l’encontre de ces dirigeants.

Huit ans plus tard, l’histoire semble se répéter avec le même dédain et mépris. La direction pourtant issue de l’outre-mer n’aurait-elle tiré aucun enseignement des crises précédentes ?

Ne nous y trompons pas. Personne ne sera épargné par ce démembrement annoncé.

Ni Malakoff, ni les stations ultra-marines, prochaines cibles d’économies multiples d’un Groupe et d’une tutelle aux abois.

Malakoff, le 22 mai 2018

2018-05-22 Malakoff cocktail explosif