RÉUNION LA PREMIÈRE

C’est une suite évidente de l’audit diligenté l’an dernier dans la station de Réunion La 1ère.

Officiellement, les experts extérieurs qui avaient tout scruté dans nos façons de travailler n’étaient pas là pour faire les gendarmes financiers. La preuve est faite que si : l’une de leurs préconisations (très mal tenue secrète) se réalise !

Depuis la semaine dernière, en conférence de rédaction, en plus du programme éditorial toujours réalisé par les scripts et la rédaction en chef, tous les sujets « commandés » sont scrupuleusement notés et inscrits dans un tableau Excel.

Pour quoi faire ? Telle est la question que pose aujourd’hui le SNJ, en connaissant évidemment la réponse. La recherche de productivité, c’est sûr… et c’est déjà détestable. L’évaluation individuelle du rendu quantitatif des journalistes est rendue possible… et c’est plus grave encore.

L’information n’est toujours pas un produit !

Nous l’avons déjà dit à l’occasion d’un précédent communiqué sur le paiement des correspondants à l’étranger sur facture (d’ailleurs resté sans réponse) : l’information n’est pas un produit.

On ne la pèse pas. Aucun sujet ne prend le même temps, aucun n’est comparable. Aucun calage, aucun calage ne prend le même temps.

Les journalistes (souvent au forfait jour, rappelons-le…) alternent entre longues et plus courtes journées. Certains s’en accommodent plus qu’ils n’en profitent ! Et si certains abusent, ils sont connus.

Ni leurs collègues ni les cadres n’ont besoin de balance pour bien le peser. Comment voulez-vous mesurer tous nos “p’tits trucs en plus”, sollicités ou non ?

Qui fera les comptes les week-ends ? Qui constatera toutes les tâches additionnées et réalisées au cours de la journée ? Que croyez-vous qu’il adviendra des “tu peux m’rendre un service ?” si le lien de confiance est ainsi effiloché ?

L’actualité se prévoit, oui, mais jusqu’à un certain point. Nous refuserons d’être seulement les commentateurs du calendrier.

Le SNJ luttera de toutes ses forces contre ce procédé

Faut-il rappeler le douloureux – et reconnu illégal – dernier épisode de tentative de fichage des journalistes et leur activité ? Beaucoup d’entre nous étaient déjà là et se souviennent. Hors de question de vivre un nouvel épisode.

S’il y a des choses à noter en conférence de rédaction, chaque matin, ce sont plutôt les propositions de reportages qui trop souvent tombent dans les limbes. C’est aussi de prendre en compte nos réflexions éditoriales et de les partager entre tous les encadrants plutôt que de les couvrir d’un silence gêné avant de passer à la suite.

Aucune naïveté possible

Et de grâce, qu’on ne vienne invoquer une quelconque optimisation du carburant ou du parc automobile. L’optimisation recherchée, en vérité, ne l’est qu’aux dépens des journalistes et de tous les techniciens qui participent à l’aboutissement d’un reportage.

On le voit tellement venir : « Oh, tiens… vu le nombre de reportages le matin, on pourrait peut-être décaler les horaires de travail d’un monteur ? « …

En clair, en résumé, et de façon définitive : le reportage oui, le reporting non !

La Réunion, le 13 juin 2025