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C’est un appel au secours.

Parce que depuis trop d’années, le ras-le-bol des journalistes de Saint-Pierre et Miquelon est négligé. Parce que depuis trop de semaines, leur détresse n’est pas entendue.

Six. En 7 ans, six directeurs régionaux successifs ont compati poliment au sous-effectif flagrant de la rédaction TV-Radio-Web de France Télévisions à Saint-Pierre et Miquelon. « Il FAUDRAIT agir, je VAIS  agir. Mais plus tard. PATIENCE. ». Discours entendu aussi dans la bouche de plusieurs dirigeants parisiens.

La patience, nous l’avons perdue. Rongés par un quotidien désorganisé qui est à chaque sortie du tableau de service, à chaque conférence de Rédaction un peu plus infernal. Un peu plus insupportable.

Pourquoi ? Parce que sur 87 ETP affectés à l’Etablissement, 17 seulement sont dévolus à la rédaction. Encadrement compris. Soit 19%.

Et, cerise sur le gâteau, plusieurs postes sont non pourvus depuis des mois. À commencer par… celui de Rédacteur en Chef. Depuis le 1er janvier, la rédaction voit se succéder les notes d’intérims internes. Du très court terme qui nuit directement au fonctionnement du service, et empêche toute projection. En plus d’être étranglée, la Rédaction navigue à vue. Depuis Paris, cela doit sembler normal en Atlantique Nord.

Quatorze. Quatorze journalistes hors encadrement pour fabriquer au quotidien toute l’année quatre éditions radio, une édition TV, un magazine hebdomadaire et plusieurs émissions périodiques (A La Une, A Vos Marques, auxquelles vient de s’ajouter Embruns). Et pour répondre aux objectifs de développement digital sur le WEB. C’est mission IMPOSSIBLE.

Dans quelle autre emprise de France Télévisions aux objectifs similaires imaginerait-on réduire le pool images à DEUX JRI ? Pour produire 365 jours par an ? Où ? L’affectation d’un troisième JRI qui paraissait une nécessité aux yeux de la Direction semble bien aujourd’hui tombée dans les oubliettes.

Dans quelle autre rédaction régionale de l’entreprise demande-t-on aux journalistes d’investir massivement les supports et formats numériques, sans avoir JAMAIS créé UN SEUL emploi dédié ? Le poste de pilote web vient enfin d’apparaître… par prélèvement sur les maigres effectifs Radio/TV.

Le vase a débordé. Car cette fois, notre SANTÉ est en danger.

En flux tendu, sans « réserve » de pigistes du fait du contexte local, chaque jour/semaine de maladie entrave largement le fonctionnement déjà a minima de la rédaction et le moral des valides qui se tiennent encore debout. Les maladies se multiplient, plusieurs journalistes « craquent ». Les cadres sont sur le fil.

Et l’exercice de notre métier pâtit à l’évidence de cette pénurie.

Les journalistes subsistant au tableau de service multiplient les tâches au quotidien, engendrant d’insupportables rythmes de travail et amplitudes horaires. Parfois plus de 10 jours consécutifs, et des journées jusqu’à 13 voire 14 heures. Pour les présentateurs, des nuits réduites parfois à 7 heures entre le JT et les matinales radio du lendemain. À Saint-Pierre et Miquelon, le Code du Travail doit être moins lourd.
De quoi garantir le « remplissage » de nos différentes éditions. Mais nous éloigner de la pertinence de l’information attendue par nos auditeurs-téléspectateurs-internautes, qui nécessite recul et réflexion, devenus un luxe.

En ce printemps 2018, la rédaction est une poudrière que la moindre étincelle menace de faire exploser. Il y a un an, à la suite, déjà, d’un débordement de colère, la Direction Régionale s’est engagée à évaluer le potentiel nécessaire à l’exercice des missions de la rédaction. Document jamais communiqué.

Ces préconisations existent. Nous exigeons qu’elles soient mise en œuvre. MAINTENANT.

Nous ne resterons pas des journalistes, des salariés de seconde zone. Cela NE PEUT PLUS DURER.

Si les effectifs de la Rédaction de SPM la 1ère ne sont pas très rapidement adaptés à ses missions, les journalistes sauront prendre, ensemble, leurs responsabilités.

Saint-Pierre, le 29 mai 2018

2018-05-29 SPM La 1ere – STOP