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AITV ça continue

A deux jours du sommet de la francophonie organisé à Dakar, l’audiovisuel public français s’apprête à supprimer une rédaction entière, l’AITV (l’Agence internationale d’images de télévisions). La direction de France Télévisions affirme en effet vouloir fermer l’agence dès le 7 décembre.

 Tribune publiée dans Libération

Créée en 1986, l’AITV a d’abord été rattachée au réseau RFO, avant d’intégrer France Télévisions. Le travail considérable de cette agence bénéficie aujourd’hui à de nombreuses chaînes :

  • Sur France Ô, elle produit quotidiennement le JT Afrique qui offre une couverture unique de l’actualité africaine.
  • Dans le réseau des Outremers 1ère, les reportages de l’AITV sont également repris par de nombreux journaux télévisés.
  • La rédaction de France 24 (France Médias Monde) utilise quotidiennement le travail de l’agence pour ses éditions en français et en anglais.
  • Pour TV5, ses reportages sont des ressources essentielles pour ses éditions d’information internationale (dont le Journal Afrique).
  • Enfin, les productions de l’AITV sont diffusées par une soixantaine de chaînes, en Afrique et au Proche-Orient, dans le cadre d’un accord avec Canal France International (CFI).

La suppression de l’AITV a été décidée par France Télévisions et en partie provoquée par un désengagement de CFI. L’Etat, actionnaire de ces deux sociétés, souhaite-t-il affaiblir l’information de Service Public ? Nous déplorons le dumping social auquel se prêterait l’Etat dans cette affaire. Selon nos informations, certaines activités de l’AITV seraient reprises par une filiale de l’Agence France Presse, mais à des conditions largement revues à la baisse. Et il ne s’agirait plus de coopération avec soixante chaînes étrangères, mais de commerce avec une quinzaine d’entre elles. Si un éventuel transfert de l’AITV devait être négocié, il ne doit pas avoir lieu dans l’opacité. Et il devrait respecter notre charte d’éthique professionnelle qui stipule qu’un «journaliste digne de ce nom ne sollicite pas la place d’un confrère en offrant de travailler à des conditions inférieures».

Comment célébrer la francophonie et la coopération en laissant disparaître l’AITV ? Cette disparition priverait d’emploi plusieurs dizaines de pigistes correspondants à l’étranger. Ce serait aussi la disparition d’un collectif de travail d’une trentaine de journalistes permanents. Un gâchis professionnel et humain. Cette disparition affaiblirait directement d’autres rédactions, en France et en Afrique. Cette disparition porterait un coup terrible aux actions de coopération et aux missions que le service public audiovisuel mène avec conviction et dévouement.

Vincent Lanier (premier secrétaire national du SNJ), Antoine Chuzeville (journaliste à France Télévisions, délégué syndical central SNJ), Nina Desesquelle (journaliste à France Médias Monde, déléguée syndicale SNJ), Simon Rodier (journaliste à TV5 Monde, élu du SNJ et secrétaire du CE)