La présidente de France Medias Monde (France 24 et RFI) est candidate à la présidence de France Télévisions. Mise au point sur son bilan désastreux, par l’intersyndicale SNJ-SUD-FO
Marie-Christine Saragosse est donc candidate à la présidence de France Télévisions. Ce n’est pas une surprise. Tout le monde s’en doutait à France Medias Monde même si notre présidente entretenait un vrai faux suspens. Et l’on s’abstiendra de tout commentaire sur les raisons invoquées pour justifier sa candidature, à savoir sa volonté de « sauver l’audiovisuel public ». L’actuelle équipe dirigeante de France Télévisions appréciera…
Ce qui est surprenant, en revanche, c’est la conviction affichée par Mme Saragosse, lors de son annonce devant les organisations syndicales, selon laquelle son éventuelle nomination par le CSA récompensera « son travail » à la tête de France Médias Monde … On croit rêver ! Car le bilan de notre présidente est, en réalité, désastreux. En moins de trois ans, Marie-Christine Saragosse a de fait poursuivi dans la lignée de son prédécesseur, Alain de Pouzilhac. Si la méthode utilisée a été, en apparence, moins brutale, le résultat est tout aussi calamiteux.
Sous la houlette de notre « efficace » présidente, comparée aux grandes concurrentes, RFI perd son statut de radio internationale. Elle devient une radio dédiée à la seule Afrique francophone. Toutes les autres zones de diffusion de RFI dans le monde, et toutes les autres langues, ont été négligées, voire laissées à l’abandon.
Quant à France24, si la distribution de la chaîne a progressé, son audience reste toujours mystérieuse. Les rédactions ignorent à qui elles s’adressent. La chaîne arabe, présentée comme le plus beau développement de ces dernières années, reste encore largement sous-dotée. Tous les moyens ont été engloutis par le chantier de la HD, alors que France24 n’est toujours pas diffusée en Haute définition. Les rédactions, elles, sont exsangues à force de faire toujours plus d’antenne, sans aucun moyen de production.
Les propos lénifiants et apaisants de notre présidente ne peuvent masquer ce constat accablant.
Quelques exemples…
De 2004 à 2008, RFI avait installé plus de 30 émetteurs FM supplémentaires dans le monde poursuivant ainsi une action de développement engagée depuis les années 90. Quel est le nombre de nouveaux émetteurs installés depuis 2012 ? On les cherche, désespérément…
Qu’est devenu le projet d’antenne en langue anglaise 24h/24, pourtant jadis accepté et soutenu par les tutelles, qui aurait enfin permis à RFI de se développer, notamment, en Afrique anglophone, voire en Asie où la BBC connaît une forte progression de son audience dans cette langue ? Le projet a été remplacé par l’idée saugrenue de diffuser le son de France 24 en anglais, en baissant la production originale !
Où est passé le projet d’antenne lusophone ? Aux oubliettes, certainement, alors que la France cherche à développer ses relations avec le Brésil, mais aussi l’Angola et le Mozambique…
Pour France24, l’antenne en espagnol est toujours brandie comme LE grand projet dont les tutelles n’auraient toujours pas compris le fantastique potentiel. Mais ce projet a-t-il seulement été plus loin qu’un demi-paragraphe dans une version préliminaire du COM (contrat d’objectif et de moyens), et de vagues promesses à la Rédaction Amérique latine de RFI ?
Pour tout cela, notre présidente était sans doute trop occupée à préparer sa candidature à France Télévisions…
Mme Saragosse a échoué dans beaucoup de domaines. Elle s’est contentée de « piloter à vue », de gérer le groupe sans conviction avec un seul objectif : « ne pas faire de vagues ». On pouvait attendre mieux qu’une « paix sociale » en trompe-l’œil qui n’a réglé aucun des problèmes auxquels les salariés sont confrontés.
On pouvait espérer la mise en place d’un statut commun pour tous les personnels de France Médias Monde dont on ne sait toujours pas s’il verra le jour.
On aurait aimé voir cette présidence mieux défendre le budget des rédactions, rogné chaque année, malgré une actualité internationale toujours plus chargée.
Quant à la finalisation de l’accord d’entreprise présenté par notre présidente et son équipe comme la « pierre angulaire » de sa politique sociale, le projet est devenu l’Arlésienne de son mandat !
Que Mme Saragosse soit nommée -ou non- à France télévisions n’est ni le problème des personnels de France 24, ni de MCD, ni de RFI. Mais l’état dans lequel elle quitte France Médias Monde les inquiète à juste titre.
« Dans l’univers fortement concurrentiel des médias internationaux, qui ne progresse pas régresse, et cela de façon définitive » écrivait Marie-Christine Saragosse lors des négociations sur le Contrat d’Objectifs et de Moyens.
Son bilan montre qu’elle a vite oublié cette évidence.
Que notre présidente aille, ou non, poursuivre sa carrière à France Télévisions, il revient aujourd’hui à l’Etat d’intervenir pour mettre fin à cette dérive et de clarifier sa position sur les moyens qu’il entend attribuer à l’audiovisuel public extérieur pour mener à bien ses missions.