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AA lettrine articles« Un journaliste digne de ce nom […] Refuse et combat, comme contraire à son éthique professionnelle, toute confusion entre journalisme et communication ». « Tient […] l’altération des documents, la déformation des faits, le détournement d’images, le mensonge, […] la non vérification des faits, pour les plus graves dérives professionnelles ; « Exerce la plus grande vigilance avant de diffuser des informations d’où qu’elles viennent ». « Le journaliste ne peut être contraint à accomplir un acte ou exprimer une opinion contraire à sa conviction ou à sa conscience professionnelle » (Charte d’éthique professionnelle des journalistes)

Ces principes professionnels semblent ne pas s’appliquer au site internet de France 3 Ile de France. Publicité déguisée, placement de produits, info « people », re-tweets d’infos non vérifiées: Non, vous n’êtes pas sur un site de communication institutionnelle, mais bien dans la rubrique « actualité » de France 3 Ile-de-France. Cherchez l’erreur…

Petit florilège :
– Une page d’accueil qui mélange joyeusement les genres : le PSG régulièrement en tête de la hiérarchie de l’info, un lien (retiré depuis) vers l’émission « Paris le club », émission qui n’a rien à voir avec la rédaction, une rubrique « partenariats », concept totalement incompatible avec le journalisme.
– l’arrestation annoncée le mardi après-midi du tireur de Libération, information simplement reprise du Parisien, non vérifiée avant sa mise en ligne… Et fausse! Tout ceci alors que dans la rédaction sont présents plusieurs journalistes qui démentent l’information après avoir simplement fait leur travail de vérification… Il faudra une demi-heure pour que le site soit actualisé et la pseudo-information
démentie. Tout cela au nom d’un principe parfaitement anti-journalistique : « il faut être présents et balancer le plus d’infos possibles ».
– un spot de publicité mis en ligne, David Beckham courant dans la rue en caleçon, pour une marque de prêt-à-porter, jusqu’à ce que la direction du pôle finisse par admettre une « mistake » et le retire du site.
– des publi-reportages, et des dossiers de presse mis en ligne quasiment tels quels sans un soupçon de travail journalistique. Exemples : l’ouverture du centre commercial « Aéroville », avec à l’appui le film institutionnel énumérant tous les partenaires ou encore « Vive Noël à Disneyland! »
– Le blog « Capitale High tech » hébergé par notre site, une mine de publicités et de placements de produits : la sortie d’un jeu vidéo, de la dernière console, sans parler des smartphones à la mode.
– de l’info « people », comme l’ouverture de la boutique éphémère d’une ancienne call-girl bien connue de quelques footballeurs.

Cette drôle de « ligne éditoriale », France TV s’est toujours refusée à la suivre dans ses éditions d’information, alors pourquoi sur le net?

Le culte du clic, la religion du tweet

Le clic, seul critère de valeur d’un article journalistique. Le tweet, température de l’opinion, frère jumeau du micro trottoir… Les clics et les tweets des internautes dictent les choix éditoriaux et la stratégie numérique du pôle Nord-Ouest. Une vision purement « marketing » de l’information, au détriment des principes professionnels et de la plus basique exigence de qualité. Jusqu’à tomber aussi bas que la presse de caniveau? Cette dérive est-elle délibérément organisée par les responsables du numérique, pour tenter de gagner la course à l’audience?

Le SNJ exige que la direction fasse appliquer la charte d’éthique et les principes professionnels des journalistes sur le site internet d’information de France 3 Ile-de-France comme sur tous les supports numériques. Le SNJ encourage tous les journalistes qui collaborent au site à se prévaloir de cette charte lorsqu’ils estiment que ce qui leur est demandé ne relève pas de leur profession, ou va à l’encontre de la déontologie journalistique. Il les appuiera s’ils refusent de travailler pour un site qui perd toute crédibilité et toute nature journalistique et qui porte atteinte à l’honneur professionnel de tous les journalistes de la rédaction.

Vanves, le 22 novembre 2013