Le respect des femmes à France Télévisions est vraiment à géométrie variable. Quant il s’agit de médiatiser ses actions lors du 8 mars, journée de la femme, la direction de l’entreprise est très fière d’annoncer un programme « En avant toutes ! », pour mettre les femmes à la une et à l’honneur selon le communiqué. Mais quand il s’agit de blâmer voire sanctionner des propos sexistes, graveleux et dégradants prononcés sur nos antennes par certains commentateurs sportifs ou consultants pendant les JO de Sochi, la direction est sur le mode « En arrière tous ! ».
Pire, ces propos sont minimisés voire cautionnés par le directeur des sports qui évoque dans les médias « des plaisanteries ou des excès d’enthousiasme ». Autre exemple déplorable : le 22 janvier dernier sur France 2 dans « L’émission pour tous », plusieurs chroniqueurs ont tenu des propos ouvertement misogynes portant sur le football féminin.
Le CSA, qui ne manque jamais une occasion de réprimander le Service public, a trouvé là une excellente raison de le faire, encouragé par l’attitude laxiste de France Télévisions. En interne, les équipes de France 4 sont toujours sous le choc de la brutale éviction de leur directrice des programmes Sandrine Roustan, écartée puis licenciée pour des motifs plus que contestables.
Deux poids deux mesures : sale temps pour les femmes à France Télévisions, y compris les dirigeantes. Le CHSCT de la Maison de France Télévisions vient d’ailleurs d’ouvrir une enquête sur des faits qui pourraient être qualifiés de harcèlement et discrimination. Ces actes scandaleux et ces dérapages ternissent l’image de notre entreprise et de nos chaînes au moment où un nouvel accord d’égalité professionnelle est négocié.
Un accord qui prévoit notamment le renforcement de la présence des femmes sur nos antennes et du respect qui leur est naturellement dû. La CFDT, la CGC et le SNJ s’inquiètent fortement de l’hypocrisie de la direction qui, devant les instances et les élus, déplore tout propos à caractère sexiste ou discriminatoire mais qui, en public, se garde bien de condamner ces dérapages verbaux.
Quant à l’égalité professionnelle, parlons-en. Depuis des années, les commissions adéquates (CE et CCE) ont déploré des différences considérables dans les rémunérations ainsi qu’une discrimination à l’embauche caractérisée dans certaines catégories. Cette situation n’évolue
quasiment pas d’une année à l’autre, hélas. Il est d’ailleurs à noter que les dispositions légales sur la résorption des écarts salariaux entre
hommes et femmes n’ont pas été respectées dans le délai qui avait été établi par la loi.
Face à cet état de fait, les représentants du personnel n’ont pour réponse que de beaux discours et des engagements qui ne sont pas tenus.
Comment dans ces conditions envisager de signer l’accord égalité professionnelle si le niveau minimal de respect des femmes n’est pas garanti dans France Télévisions ? Comment une entreprise publique, au rôle aussi symbolique, peut-elle fermer les yeux devant de tels comportements ?
Paris, le 11 mars 2014