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AA lettrine articlesComment se discréditer aux yeux du public ? C’est très simple : il faut une pincée d’amateurisme, une grosse louche d’autoritarisme et une casserole de dédain pour les règles déontologiques des journalistes. La preuve à France 3 Alpes.

« Un rectificatif à présent : le journal des Alpes a diffusé, samedi, une information erronée concernant la maire de Meylan. Marie-Christine Tardy n’a pas été mise en examen pour corruption passive, contrairement à ce qui a été dit, mais pour prise illégale d’intérêts. » Avec ces mots, le 25 novembre, le JT de France 3 Alpes dément une information diffusée deux jours plus tôt. Retour en arrière.

Le 23 novembre, un rédacteur en chef adjoint présente un document de justice. Il demande sa diffusion. Le journaliste en charge du web et le responsable d’édition du JT ne le font pas. En effet, le document est ambigu et incomplet. De plus, impossible de joindre le procureur pour vérifier
l’information. Le lendemain, le même rédacteur en chef adjoint s’en prend à toute la rédaction en l’accusant de « manque de compétence ». Avec un ton autoritaire, il fait référence à ses années d’expérience. Sur son injonction, sur le web et dans le JT, France 3 Alpes affirme donc que Marie-
Christine Tardy, maire UMP de Meylan, est mise en examen pour corruption passive. C’est faux. Sur le document de justice en question, un avocat aurait confondu motifs d’ouverture de l’information judiciaire et chefs de mise en examen. Puis, il aurait transmis ce document au rédacteur en chef adjoint. Lequel a oublié un réflexe élémentaire : vérifier l’information !

Aucune explication n’a été donnée à la rédaction. Pourtant, la maire de Meylan a menacé de porter plainte. Faut-il rappeler que, dans ce cas, le présentateur et le journaliste « pilote web » seraient poursuivis mais peut-être pas l’adjoint fautif ? La crédibilité de France 3 Alpes a été mise à mal. C’est l’ensemble de la rédaction qui est touchée dans son honnêteté et sa probité. A l’approche de la campagne électorale pour les municipales, l’élue faussement mise en cause communique sur « la manipulation des médias ».

Le SNJ dénonce le silence de la direction de l’antenne de France 3 Alpes, qui semble vouloir mettre l’affaire sous le tapis. L’utilisation d’une position hiérarchique, afin d’imposer la diffusion d’une fausse information, est pourtant inacceptable. Le SNJ va saisir la commission de suivi de la déontologie et des principes professionnels.

Paris, le 20/12/13