Lancement de la chaine A+ par le groupe Canal, prochaine arrivée en Afrique d’une déclinaison de la chaine Gulli désormais pleine propriété de Lagardère, développement du site africain du Point, les créations illustrant l’appétit des groupes français pour les marchés de la francophonie foisonnent. Grand absent de cette tendance : France télévisions, pourtant actionnaire important de TV5, de CFI et d’Euronews. Un géant sur le papier, un nain dans la pratique.
A quoi bon, en effet, ces participations non assumées dans des chaînes internationales qui nous confinent dans le rôle de l’actionnaire dormant ? L’ordre du jour de cette réunion du comité de groupe France télévisions reflète ce déficit de stratégie à l’international. Aucune information sur les projets de ces filiales, pas plus que sur les partenariats possibles avec les chaînes de France télévisions, aucune perspective de développement au-delà du pré carré hexagonal.
Tandis que la concurrence cherche à conquérir de nouveaux publics, France télévisions se recroqueville à l’intérieur des frontières nationales. Les contraintes budgétaires ne doivent pas justifier l’abandon d’une stratégie à long terme. Dans l’univers sans limite du web, nous avons les mêmes ambitions qu’à l’époque des faisceaux hertziens. Comment ne pas voir que cette approche passéiste et étriquée n’a pas d’avenir ?
Le partage des missions entre France télévisions et France Médias Monde défini par le législateur doit être assumé de manière dynamique et non pas vécu comme une fatalité. A l’heure du numérique, le distingo entre audiovisuel public national et audiovisuel extérieur ne peut plus être posé en termes de zone de diffusion ou d’accessibilité. C’est désormais aussi une question d’angle et d’écriture.
Si l’argent de la redevance n’est pas – formellement – destiné à financer des programmes pour les téléspectateurs africains, les publics de France télévisions se trouvent partout dans le monde. France Télévisions aurait tort de ne pas intégrer cette donnée dans son logiciel et dans la définition de son futur modèle économique.
Au moment précis où les médias du monde entier convergent vers une Afrique en croissance, à l’heure où l’espace francophone se profile comme la nouvelle frontière des médias tricolores, France télévisions cherche à saborder son agence internationale l’AITV. Tant de persévérance à jouer contre son camp laisse songeur. Le futur de France télévisions passe notamment par le renforcement de sa dimension internationale. Le groupe FTV constitue le périmètre naturel de cet essor, le comité de groupe doit être l’instanceoù se dessinera cet avenir.
Déclaration du SNJ, Comité de groupe FTV, 17 juillet 2014