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Préalable des élus SNJ au CSE Siège des 20 et 21 septembre 2023

Le pire n’est jamais sûr, mais à France Télévisions c’est une valeur refuge ! Le lancement de la nouvelle offre régionale d’information, baptisée “Ici”, est catastrophique.

Éditorialement, techniquement, humainement… Jusqu’ici la direction avait un souci de tempo, maintenant le mal est fait. Au cœur d’un mouvement social, le 4 septembre dernier, la présidente a donc atteint son objectif : effacer en deux temps l’actualité nationale et internationale des antennes de France 3. Après l’épisode 1 en 2019, avec la suppression du Soir 3, l’épisode 2, en une pierre deux coups, la disparition du 12/13 et du 19/20.

Sans revenir sur l’indigence des dernières éditions le 3 septembre, notons que volontairement peu d’explications ont été données aux téléspectateurs sur les raisons de la suppression des journaux nationaux. Seul un message imposé par le SNJ à la direction faisait état sur France 2 et France 3 des raisons de notre grève.

Au-delà de notre tristesse et du traumatisme causé par cette décision présidentielle, aujourd’hui, nous comptons les points et nous pouvons affirmer sans mauvais esprit que ce qui devait arriver est en train d’arriver.

L’impréparation et l’improvisation du projet politique « Tempo » font des dégâts partout, à Paris comme en régions. Ce que doit produire le national pour les 24 antennes régionales donne lieu à des débats sans fin. Obligation de diffusion ou informations optionnelles, les chefferies ne semblent pas toutes d’accord entre la direction de l’information des régions au siège et les rédactions régionales.

Que ce soit pour les sujets d’actualité, les dossiers ou les longs formats de 7 minutes réservés aux week-ends, personne ne respecte personne. Ni les journalistes qui produisent, ni les rédacteurs en chef des antennes régionales qui pourraient croire légitimement que le temps de l’autonomie est arrivé.

Non, “Tempo” n’était rien de tout cela et “Ici” nous emmène ailleurs. Au pays de l’absurde, celui d’un projet politique appliqué sans réflexion par la présidente Ernotte, flanquée de sa cohorte d’exécutants zélés qui n’ont rien écouté : aucune instance, aucun des cadres qui alertaient sur l’usine à gaz et ses dangers, aucune expertise n’a été prise en compte, rien de rien. Et en attendant, en plein drame marocain, ces nouvelles éditions régionales oscillent entre regard de proximité et factuel réalisé depuis Paris… Une régionalisation low-cost, on le savait, mais maintenant, on peut juger sur pièces : le résultat ne contente personne.

Nous aurions pu, sans trop nous acharner à dire et redire ce que nous pensons depuis plus d’un an, publier tout simplement les témoignages des téléspectateurs recueillis à travers le forum de France Télévisions “France TV et vous”. Tout y est : perte de repères en régions, regrets de la disparition des journaux nationaux, choix de ne plus regarder France 3 tellement les nouvelles tranches sont mal conçues…

Il n’y a que les mécontents qui se manifestent, nous dit-on, et alors ?

Faudrait-il pour autant les ignorer, au risque d’affaiblir à l’extrême la force du réseau et ne pas entendre que les éditions nationales de France 3, comme celles des régions, avaient un public plus que fidèle, que nous allons perdre pour d’autres chaines et pas celles du groupe ?

N’oublions pas, bien sûr, le désarroi professionnel et personnel des salariés du siège. Les castings, qui écartent arbitrairement des journalistes de certaines éditions, et que nous redoutions, sont à l’œuvre. Et pendant ce temps-là, les salariés des antennes régionales croulent sous les charges nouvelles que la désorganisation génère.

La communication autour des nouvelles offres régionales a été perçue à juste titre comme un déni de la souffrance subie par tous ceux qui, au siège, contribuaient à la fabrication des journaux nationaux. Pas un mot sur les réseaux sociaux, rien sur la façade de notre bâtiment… Juste quelques lignes dans une interview donnée au journal Le Monde par Delphine Ernotte. Quelques mots pour d’énormes dégâts, mais peu importe. Elle déroule déjà la suite : la fusion de France 3 avec France Bleu, pour enfoncer le clou de notre cercueil éditorial !

Ainsi vont les transformations à France Télévisions… Et ceux qui n’ont rien fait pour empêcher cela en sont les complices, silencieux ou pas…

Paris, le 20 septembre 2023