Libres d’informer… Une pétition initiée par des SDJ, des associations et des organisations syndicales de journalistes pour que les violences contre notre profession cessent, qu’elles viennent de la part des forces de l’ordre ou de certains gilets jaunes.
Il était nécessaire que la profession lance cette alerte, alors que depuis le 17 novembre, les journalistes sont clairement devenus des cibles. Agents de sécurité, équipements de protection, droit de retrait, nous faisons face comme nous le pouvons sur le terrain. La critique des médias est légitime, la contestation de certaines lignes éditoriales aussi, mais elle ne peut en aucun cas passer par ce déchaînement de haine de la part de certains. Insultes, agressions physiques, interdiction d’exercer dans certains cortèges, parutions de journaux empêchées, la liste est hélas trop longue. Et le comportement des forces de l’ordre vis à vis de la presse est condamnable au même titre !
Alors cette violence à ciel ouvert devrait nous pousser à la réflexion sur la pratique de notre métier, comme si elle était excusable. Des mea culpa sous la pression en quelque sorte. Le SNJ n’a pas attendu cette crise sans précédent, pour expliquer et tenter de combattre la défiance qui touche la profession. Il y a bien sur la défiance des politiques qui apprécient que leurs adversaires soient l’objet d’enquêtes et bien moins favorable à la liberté de la presse quand ils se retrouvent dans le cyclone des révélations. Il existe aussi la défiance des lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, internautes, qui pensent toujours qu’on ne dit pas ce qu’ils aimeraient entendre. Valet du pouvoir un jour, âme damnée de l’opposition un autre, manipulateurs, menteurs tout y passe. Et face à ces attaques récurrentes, que dire ?
Que rien n’est fondé, que tout est normal ?
Nous alertons ici ou ailleurs sur la nécessité de rappeler que même au cœur d’une rédaction un journaliste reste indépendant. Que la charte d’éthique professionnelle des journalistes s’applique à tous ! Que l’information fantasmée par certains rédacteurs en chef n’a pas toujours à voir avec la réalité du terrain et des faits.
Ce ne sont pas les gilets jaunes qui nous poussent à nous interroger sur notre profession. Ce sont les journalistes eux-mêmes qui le disent depuis des lustres. Nos directions successives nous éloignent de nos missions premières.
A travers ce préalable, nous interpellons la direction de l’information. Nous lui demandons de prendre ses responsabilités pour créer les conditions nécessaires aux bonnes pratiques journalistiques. De ne plus prendre les journalistes pour des prestataires, au service des rédacteurs en chef. D’être sans exception intraitable sur les fautes éditoriales de ceux qui nous encadrent. De ne pas nier au quotidien l’indépendance de chaque journaliste. De redonner leur dimension aux conférences de rédaction : débattre des sujets à traiter, discuter de la hiérarchie de l’information entre journalistes de terrain, chefs de service et directeurs de la rédaction.
Apres les fautes liées au scandale de la pancarte truquée et au pitoyable photomontage, on nous annonce un séminaire sur l’image fixe !
La belle affaire ! Tout existe déjà dans les textes qui régissent notre profession pour éviter ces affaires et plus encore.
En revanche ce qui manque, c’est d’accepter le débat au jour le jour, sur ce que doivent être nos éditions. Pas besoin d’un grand déballage national, juste d’un quotidien éthique déontologique, journalistique.
Paris, le 23 janvier 2019