« Nous vous notifions…/…une mise à pied conservatoire…/ votre rémunération sera suspendue pendant votre période de mise à pied. »
Sans plus de précisions sur sa « faute », notre confrère Joseph Tual s’est vu notifier par courrier sa mise à pied, mercredi dernier. Sans avoir reçu le moindre appel ou même un quelconque avertissement. Ce grand reporter se voit menacé de licenciement après 25 ans passés à travailler pour la rédaction nationale de France 3, avec notamment des enquêtes décisives sur un certain nombre d’affaires : l’assassinat de Mehdi Ben Barka, la disparition de notre confrère Guy-André Kieffer en Côte d’Ivoire, etc…
Son badge a même été rendu inopérant mercredi dernier, l’empêchant de rentrer dans les locaux : une disposition parfaitement illégale puisque le confrère est élu du personnel. Ce genre de procédure est du jamais vu dans l’audiovisuel public.
Qu’est-il reproché à ce « dangereux criminel » ? D’après nos informations, des tweets hostiles envers la présidence de France Télévisions et la Direction de l’Information, et des épanchements de joie à l’annonce des résultats de l’élection présidentielle et de ses répercussions possibles.
Chacun est responsable de ses écrits, notamment un journaliste, et au SNJ nous ne l’ignorons pas. Mais dans cette affaire, notre syndicat refuse l’arbitraire.
Si la direction de FTV souhaite, à tort ou à raison, punir un salarié, elle le convoque en commission de discipline et lui permet de s’expliquer. Puis la direction prend sa décision en tenant compte de l’avis émis par la dite commission. La mise à pied avec privation de salaire est déjà une sanction très grave qui a des répercussions immédiates sur la vie professionnelle, sociale, et personnelle de tout salarié. Une sanction qu’une
direction ne peut pas prendre à la hâte.
Le SNJ, quant à lui, constate qu’il y a actuellement à FTV un système de « deux poids deux mesures » qui est odieux et inacceptable. Par exemple, un cadre de France 3 condamné en première instance pour avoir, publiquement, et gravement diffamé un de ses confrères de France 2 n’a pas, à notre connaissance, été inquiété. Les entorses à la déontologie se multiplient à l’antenne. Des cadres enchaînent toujours les ménages où les conflits d’intérêts sont évidents. Sur ces dossiers, la direction se fait remarquer par son silence alors que le SNJ a demandé qu’il y soit mis fin.
Cette politique du « double standard » est insupportable. Le SNJ demande que la mise à pied de Joseph Tual soit levée, et qu’il puisse être écouté et défendu en commission de discipline le cas échéant. Ce n’est pas par l’arbitraire qu’une direction s’honore et que les rédactions de FTV vont retrouver un climat de travail constructif et serein.
Paris, le 22 mai 2012