La section régionale du Syndicat National des Journalistes, première organisation de la profession, s’élève contre les pratiques récurrentes du maire de Rodez envers les journalistes, qu’il s’imagine pouvoir trier en fonction de ses humeurs et du jugement très personnel qu’il porte sur leur travail. C’est ainsi qu’à l’issue du premier conseil municipal de cette nouvelle mandature, M. Christian Teyssèdre, à peine réélu maire, a refusé de répondre à la demande d’interview d’une journaliste de France 3.
M. Teyssèdre justifie ce refus par la colère que lui aurait inspiré la manière dont notre consoeur avait relaté, voici quelques semaines, une plainte judiciaire le concernant. Mais son attitude n’est pas nouvelle, elle se répète même depuis trop longtemps. En pleine campagne électorale, il s’est
permis de franchir le seuil de certaines rédactions locales comme s’il était chez lui, faisant preuve d’une arrogance insupportable envers les équipes de journalistes.
Déjà, dès son premier mandat, M. Teyssèdre était coutumier d’incivilités envers certains journalistes, dès que ceux-ci avaient osé écrire un article de manière un peu trop indépendante à son goût. Et il n’avait pas hésité à être sélectif dans ses invitations à des conférences de presse, à commettre des actes d’intimidation, oralement auprès des journalistes, ou en brandissant par écrit la menace de poursuites auprès des directions des rédactions.
Le SNJ tient ici à rappeler avec la plus grande fermeté à cet élu quelques principes élémentaires, que se doit de respecter tout démocrate et républicain digne de ce nom. Il n’appartient pas au pouvoir politique de trier selon ses humeurs ceux dont il ne contrôlerait pas le travail. La Constitution de la République française garantit l’indépendance et la liberté de la presse. Le Conseil Constitutionnel reconnaît aux journalistes une mission d’information particulière envers le citoyen, en toute indépendance vis-à-vis de tous les pouvoirs.
Les journalistes, comme leurs hiérarchies, n’ont de compte à rendre à aucun élu en particulier. Ils ne doivent accepter à aucun moment la censure insidieuse qui pourrait s’instaurer suite à des pressions directes ou indirectes. En Russie, Vladimir Poutine parvient ainsi à contrôler la liberté de
la presse. Nous n’accepterons pas qu’en Aveyron certains élus s’inspirent de son exemple pour étouffer les informations qui pourraient leur déplaire.
Rodez, le 10 avril 2014