Parodie de concertation, parodie de consultation des instances représentatives du personnel. A l’occasion du renouvellement du parc de caméscopes de reportage, la direction de France Télévisions choisit une nouvelle fois l’opacité. Au mépris des conditions de travail des salariés et de leur santé.
A l’issue de l’appel d’offres lancé par la direction, Sony a été choisi pour fournir 750 nouvelles caméras de reportage à France Télévisions. Trois modèles différents, compatibles entre eux, seront déployés dans les antennes. Mais comment répartir les différents modèles (léger, lourd, et intermédiaire) ? Fin mars, le SNJ a exigé que les utilisateurs (JRI, OPV) soient consultés.
« Consulter les utilisateurs et tenir compte de leurs avis ? Mais pourquoi faire » ? C’est en substance, la réponse que la direction commence à faire aux représentants du personnel. Le flou complet qu’elle entretient autour du choix des futurs caméscopes de reportage s’explique donc. Elle va jusqu’à refuser de divulguer l’identité des premiers testeurs !
Nous avons pu prendre en main les modèles disponibles. Il y en a trois.
– La PXW-X200 : elle ressemble à la Z7, en mieux. Contrairement à la P2, elle a des butées pour les bagues de mise au point et de diaphragme. Elle peut répondre aux besoins de nombreux JRI (notamment ceux soumis à des restrictions médicales).
– La PMW-300K2 : une catastrophe ! Elle est complètement déséquilibrée. Equipée d’un objectif de focale 5.8 à 93 (zoom X16) à la demande de France Télévisions, elle pique du nez : la batterie est celle d’une caméra de poing classique, elle ne peut donc pas faire office de contrepoids. En outre, elle bascule aussi vers la gauche, car il n’y a pas de point de contact avec la joue ou l’oreille.
La fausse « épaulière » télescopique n’a pas grand intérêt… Sauf à déplacer encore plus le centre de gravité vers l’avant.
– La PMW-400-L : c’est la copie quasi-conforme de la XD, 800 grammes en moins sur la balance. Et ça se sent ! A noter : elle est compatible avec les optiques Fuji qui équipent actuellement les XD. C’est une économie non négligeable, car bien sûr la 400 est la plus chère du lot !
La plupart des utilisateurs qui ont manipulé ces caméscopes de reportage, JRI ou OPV, arrivent à la même conclusion : les modèles d’épaule (400) et de poing (200) sont satisfaisants, ce sont ces modèles qui doivent être déployés prioritairement dans les antennes de France Télévisions.
Or, selon nos informations, la direction a déjà choisi d’acheter une majorité de 300 pour le réseau régional, sans tenir compte des parcs existants et de l’avis des utilisateurs. Officiellement, parce que les 300 sont plus légères. Officieusement, parce qu’elles seraient moins chères.
Conclusion numéro 1 : la direction confond « légèreté » et « ergonomie ».
Conclusion numéro 2 : les problèmes de santé, alarmants parmi les JRI, vont encore s’accentuer (TMS, tendinites etc…). L’entreprise n’aura pas respecté son obligation de protéger la santé des salariés.
Conclusion numéro 3 : la direction, si elle persiste, portera l’entière responsabilité de l’inévitable désengagement des salariés dont l’expertise professionnelle aura été niée.
Quant aux économies espérées, elles seront donc rapidement annihilées !
Le SNJ rappelle à la direction qu’il vaut mieux une caméra plus lourde mais bien équilibrée qu’une plus légère mais mal conçue.
Le SNJ exige un moratoire sur les commandes tant que les utilisateurs, JRI et OPV, n’auront pas été consultés dans des conditions satisfaisantes. La direction ne peut pas risquer de déployer un matériel inadapté. Les enjeux sont trop cruciaux pour traiter ces achats à la légère en louchant uniquement sur son porte-monnaie.
Paris, le 11 mai 2015
2015-05-11 On a testé les nouvelles caméras à FTV