Fermeture de France Ô et de France 4, suppression de 1000 postes, arrêt du Soir 3, baisse considérable (plusieurs centaines de millions d’euros) du budget : le concours Lépine des naufrageurs de France télévisions bat son plein.
Entre tutelle et direction, la compétition est rude et son issue, demeure incertaine. Au final, lequel des deux, fera le plus de mal à cette entreprise, ses salariés et ses publics ?
Les 11 pages d’orientations stratégiques communiquées hier aux membres du CSE (Conseil Economique et Social) Central de France Télévisions n’apportent pas de réponse définitive à cette question.
Combinant objectifs ambitieux et moyens en déclin, ce texte confirme que si l’enfer est pavé de bonnes intentions, la réciproque est également vraie.
“Information de référence”, “montée en gamme”, “représentation de la diversité”, “renforcement” “maîtrise de nos contenus”, “innovation”… qui pourrait trouver à redire à ce programme ?
“Expérimentation”, “mutualisation”, “trajectoire budgétaire”, “synergies”, “automatisation”, “nomadisme”, “accords simplifiés et moins coûteux”… que de mots ronflants pour dissimuler une politique d’austérité commencée depuis déjà plusieurs années.
Le décalage entre les finalités affichées et les moyens présentés pour les atteindre est très grand.
Beaucoup trop grand pour susciter la confiance des salariés inquiets qu’ils soient en région, dans les Outre-Mer ou à Paris.
Dans le même temps, la direction veut se séparer de 2000 d’entre nous et souhaite augmenter la charge de travail de ceux qui resteront. On a vu mieux comme déclaration d’amour à ses équipes.
Côté “raison”, l’argumentaire n’est pas plus efficace.
Abandonner un créneau du soir sur France 3 pour le même sur France Info est une erreur.
Se priver d’une année pleine sur France Ô pour d’hypothétiques fenêtres sur d’autres chaînes ne convainc personne. D’autant qu’aucune réponse concrète n’est apportée au personnel de Malakoff sur son avenir.
Détruire l’équilibre social de France Télévisions en imposant le modèle de « l’homme-orchestre » qui doit tout faire et très vite, serait une faute.
La direction semble vouloir brûler ses vaisseaux pour rendre ses choix irréversibles. Avec un tel traitement, la direction peut espérer résoudre son équation économique, mais elle aura du mal à offrir un programme de qualité à tous les publics. Et ce traitement de choc sera certainement terrible à vivre pour les salariés.
Mourir guéri n’est pas une ambition fédératrice. Les équipes de France Télévisions ont besoin d’un autre projet.
Paris, le 19 février 2019