Ce lundi 8 décembre, les locaux de la rédaction de l’Agence Internationale d’Images de Télévision (AITV) étaient vides. Pour la première fois depuis 28 ans et la création de cette agence, aucune équipe n’a préparé de reportage, aucune conférence de rédaction n’avait lieu, aucun sujet n’était en montage, aucun JT ou « monito » n’a été diffusé. La direction de France Télévisions n’a pas accepté les demandes de moratoire sur la suppression totale de cette rédaction, et a donc signé l’arrêt de mort de l’AITV au 8 décembre 2014.
Jusqu’au bout, le SNJ s’est montré prêt à discuter de l’évolution de cette agence, éditorialement et socialement. Notre syndicat a interpellé la direction de France Télévisions, les ministères de tutelle et le pouvoir politique, jusqu’au plus haut niveau. Des représentants de plusieurs entreprises audiovisuelles publiques (TV5 Monde, France 24 notamment) ont publié une tribune dans « Libération ». De nombreux syndicats, en France comme en Afrique, ont exigé la poursuite de l’AITV. Mais la direction de France Télévisions a choisi de tirer un trait sur ces compétences, ce savoir-faire, cette histoire. Et l’actionnaire, l’Etat, a laissé faire.
Jusqu’au bout nous serons aux côtés de ces consœurs et confrères, aujourd’hui éjectés de ce projet professionnel, de cette aventure collective. La direction, soucieuse de sauver les apparences et d’éviter des licenciements, a procédé à la hâte à des mutations d’office. Parfois sans la moindre concertation, elle disperse les 26 journalistes permanents de l’AITV dans d’autres services, sans respecter les fonctions de chacun, proposant de changer de rédaction, de conditions de travail et même de métier en quelques jours !
La situation est quasiment similaire pour de nombreux salariés du service du sous-titrage info, supprimé fin novembre. On est bien loin du « volontariat » qui devait imprégner le plan de suppression de postes…
A ce jour, la direction n’a toujours pas annoncé aux représentants du personnel ce qu’elle compte faire pour la trentaine de journalistes pigistes travaillant pour l’AITV en Afrique. Pour certains d’entre eux, l’AITV représentait l’essentiel de leurs revenus depuis des années. Hors de question de les abandonner à une terrible précarité, parfois lourde de menaces dans certains pays.
Sur le site de Malakoff, la direction n’a toujours rien annoncé aux personnels techniques et administratifs qui travaillaient avec la rédaction AITV : quelles conséquences pour l’activité ? quels seront les plannings des prochaines semaines ?
Dans cette affaire, l’attitude de la direction est aussi choquante qu’inquiétante. Elle tourne le dos à l’Afrique, à la coopération mais aussi à ses propres salariés. Cette souffrance, ces violences infligées laisseront des traces. Est-ce le sinistre « pilote » d’une série de plans sociaux dont chaque épisode serait plus brutal que le précédent ?
Aujourd’hui, si chacun peut témoigner sa solidarité envers nos collègues du sous-titrage info et de l’AITV, nous devons nous interroger collectivement sur la responsabilité de la direction et de l’actionnaire.
Paris, le 9 décembre 2014