A 9h20, ce lundi 9 mars, Serge Cimino a officiellement déposé sa candidature à la présidence de France Télévisions. En toute transparence. Contrairement aux autres candidats. Car notre délégué syndical n’a rien à cacher, lui. Salarié de France Télévisions, journaliste et délégué syndical du SNJ. Trois défauts pour certains. Trois qualités pour nous. Revoici sa déclaration de candidature, publiée par « Libération » en mai 2014.
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Reportage photo : Gilles Codina
Il serait certes facile de regarder les choses de loin. Il serait certes facile d’attendre et de commenter. J’ai choisi de ne pas regarder les choses de loin, de ne pas attendre, de ne pas regarder ceux qui ont échoué, prétendre à rester en place, de ne pas accepter que le pire s’installe à nouveau.
Ce « je » n’est pas un jeu. Cet engagement personnel existe par la seule volonté du collectif. Celui d’une organisation syndicale qui comme toutes les organisations syndicales de l’entreprise France Télévisions peut parler et défendre les salariés légitimement. Nos mandats quels qu’ils soient nous viennent de leurs suffrages. Nous ne sommes pas nommés, pas désignés, pas cooptés, non nous sommes élus.
Alors ce « nous » je le fais mien, au nom du Syndicat National des Journalistes, j’ai décidé de me présenter à la Présidence de France Télévisions. Il est temps d’en finir avec ce management brutal, qui fait de cette entreprise une usine à burn-out. Il est temps d’en finir avec ces erreurs stratégiques successives qui, depuis la mise en place de l’entreprise unique, ne font qu’affaiblir notre mission de Service Public. Il est temps d’en finir avec cet argent public jeté par les fenêtres, et que le vent dépose dans des comptes en banque au royaume des intérêts croisés. Il est temps d’en finir avec cette armée de cadres qui se regarde croitre, pendant que les effectifs baissent.
Il est temps d’en finir avec cette politique qui profite aux producteurs privés pendant que les forces vives de l’entreprise meurent à petit feu. Il est temps de remettre l’éthique et la déontologie au coeur de nos pratiques. Il est temps de faire de l’égalité entre les hommes et les femmes une priorité. Il est temps d’instaurer un dialogue social construit sur la confiance et le respect.
Il est temps de mettre en place une véritable politique salariale collective et équitable. Il est temps de remettre les salariés au coeur de notre projet d’entreprise. Personnels techniques, administratifs et journalistes, cette candidature, c’est la vôtre. Certes le CSA sera le juge de paix. Certes, beaucoup moqueront cette initiative. Mais sans nul doute, il est venu ce moment où tous ceux qui nous font nous approcher du mur depuis des années, ne soient pas des candidats naturels, mais bien au contraire les recalés de la succession.
Ces quelques lignes n’ont pas pour but d’être une profession de foi pour une élection classique. Ces quelques lignes ne sont que l’expression d’un début, d’une esquisse, d’une ébauche. Un commencement d’une campagne sérieuse pour faire savoir et parler de notre savoir faire. Mais France Télévisions ne doit pas être une prise de guerre pour quelques uns.Les mêmes qui aujourd’hui abîment seraient donc les mieux placés pour reconstruire sur leurs propres ruines ?
Non, il faut proposer une autre vision pour France Télévisions. C’est le sens de cette candidature, individuelle et collective. Elle s’inspirera largement des textes fondateurs de notre organisation syndicale. La charte d’éthique professionnelle des journalistes bien sûr, mais aussi de
nos projets fraichement publiés. Le projet éditorial pour France Télévisions et l’avenir du réseau régional de France 3.
Cette candidature s’inspirera également du projet alternatif de notre organisation pour remplacer le plan de départ volontaire (le mal nommé) que l’actuelle direction veut imposer. Des propositions pragmatiques, éditoriales, éthiques et économiquement viables. Une base réelle pour qu’en conscience nous puissions peser sur cette campagne de désignation d’un nouveau Président pour France Télévisions.