Préalable SNJ au CCE du 10 Juin 2015
Le 23 avril dernier, le CSA a désigné une nouvelle présidente pour France Télévisions ouvrant ainsi la voie à une période de transition. Notre entreprise a déjà connu pareille situation. Si à chaque fois, les salariés oscillent entre attente et inquiétude sur ce que la future direction peut apporter, ils sont en revanche très rares à regretter les partants.
Il y a 5 ans, à l’arrivée de Rémy Pflimlin, le SNJ avait critiqué le mode de nomination imposé alors par Nicolas Sarkozy. Pour autant, nous avions affirmé notre disposition à dialoguer et négocier de manière constructive avec la direction dans l’intérêt des salariés. Nous l’avons prouvé, notamment le 15 septembre 2011 en signant l’accord sur les principes professionnels et la « Charte d’Ethique Professionnelle des Journalistes », puis le 28 mai 2013 en signant l’accord collectif d’entreprise.
Mais l’heure du bilan a sonné et si les personnes ne sont pas en cause, leurs actes eux, doivent être évalués. Le SNJ n’est pas manichéen. Comme tout bilan, celui de l’équipe Pflimlin comporte du bon et du mauvais. Considérant sans doute que l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même, ses directeurs ont déjà rempli la colonne des « plus », que ce soit dans les instances ou dans la presse. Permettez que nous rétablissions un peu l’équilibre.
De nombreux salariés de France Télévisions ont souffert et souffrent encore des conséquences du passage à l’entreprise unique avec son lot de déqualifications, son cortège d’emplois vidés de leur substance, sa litanie de transpositions frustrantes.
D’autres salariés, parfois les mêmes, ont été victimes du plan de suppressions d’emplois lancé en mai 2014. Rédactions détruites, mobilités contraintes, horizons professionnels bouchés. Le gâchis pour les uns, une aubaine indécente pour quelques autres.
Dans le domaine de l’information, beaucoup de salariés, journalistes et techniciens, constatent l’appauvrissement croissant des tâches qui leur sont confiées par une hiérarchie qui préfère l’air du temps à l’enquête, le duplex au reportage, le micro trottoir au témoignage.
Une grande partie des salariés de France Télévisions a fait, et fera toute sa carrière dans les chaînes publiques. Cette fidélité leur confère une légitimité dont ne peuvent se prévaloir ceux pour qui le Service Public constitue une étape dans un plan de carrière, un tremplin entre Bouygues et Bolloré. On ne s’intronise pas défenseur du Service Public et de l’intérêt général. On le démontre dans la durée.
Les salariés de France Télévisions sont las de voir des présentateurs vedettes, les « têtes de gondoles », cumuler postes à temps plein sur nos antennes et chroniques régulières sur des radios privées, avec l’aval de directions plus que bienveillantes. Las de voir leur entreprise alimenter la chronique judiciaire, et leurs ex-dirigeants mis en examen ou en situation de témoins assistés. Las de voir les mêmes personnes tantôt à la tête de l’entreprise, tantôt dans les organes de tutelle, tantôt chez des producteurs fournisseurs de France TV.
Le fossé entre les directions successives et les salariés va croissant.
Désignés par le fait du prince ou à l’issue d’une procédure opaque, nos dirigeants tour à tour commencent leur mandat avec un déficit de légitimité que l’exercice du pouvoir de direction ne comble pas.
Nous, organisation syndicale et élus du personnel SNJ, puisons la nôtre dans les suffrages des salariés. C’est en leur nom que nous demandons à ceux qui, de près ou de loin, aujourd’hui et demain, pèsent sur le destin de cette entreprise, de tenir compte de leur avis. De respecter et valoriser nos missions : Informer, Éduquer, Distraire.
N’allez pas chercher les pseudo-recettes miracles de l’audience en singeant les chaînes privées !
N’allez pas débaucher à prix d’or les mercenaires du PAF !
Faites confiance aux femmes et aux hommes qui font vivre cette entreprise !
Paris le 10 juin 2015
2015-06-10 Préalable SNJ au CCE du 10 juin 2015