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Ce jeudi 7 septembre, c’était donc l’heure du passage de témoin à la rédaction des Sports de France Télévisions et en particulier à « Tout le Sport ».

Dès la semaine prochaine, une nouvelle équipe sera aux commandes du JT des sports de France 3. Côté présentation, Henri Sannier passe la main à Thomas Thouroude, qui fait son arrivée sur la chaîne.

Le recrutement de ce dernier, un journaliste et animateur à l’expérience reconnue, notamment dans l’information sportive, avait été annoncé par la direction fin juin. Mais c’est seulement au mois d’août que la rédaction découvre dans la presse les conditions particulières de son arrivée : il présentera bien « Tout le Sport » tous les jours à 20h, du lundi au jeudi, mais seulement après avoir passé l’après-midi à Europe 1 pour y animer une émission d’une heure, « Y a pas péno ! ».

Lundi 4 septembre, la nouvelle équipe aux commandes de « Tout le Sport » détaillait son projet devant l’ensemble du service des Sports. Mais lors de cette réunion, personne n’évoque les conditions particulières de travail provoquées par l’absence du présentateur (qui sera chaque jour dans les studios d’Europe 1 jusqu’à 17h, au minimum).

Il faut l’intervention d’un délégué SNJ pour que le sujet soit enfin abordé, et que la direction admette que le nouveau présentateur sera effectivement absent la moitié de la journée. Et qu’il sera même impossible de le joindre trois heures avant l’antenne…

La direction (qui ne jugeait pas utile d’informer ses équipes de cette situation pour le moins particulière) affirme que « cela ne posera pas de problème », que « le monde est aujourd’hui différent » et qu’il faudra « trouver des solutions et s’adapter ». Un discours en décalage total avec les méthodes de travail en vigueur à « Tout le Sport » et au sein des JT de France 3, qu’ils soient locaux, régionaux ou nationaux.

On croit rêver (ou plutôt cauchemarder) quand il faut rappeler qu’un présentateur qui participe à la conférence de rédaction de 15h, ce n’est pas « vieux jeu ». Et qu’un présentateur disponible tout l’après-midi pour travailler sur son JT, visionner les reportages, et travailler les lancements, ce n’est pas ringard. C’est l’organisation naturelle et nécessaire des rédactions de France Télévisions ! S’en affranchir tous les après-midi afin de privilégier un autre contrat pour Europe 1, c’est choquant. Et difficile à gérer pour les autres salariés qui devront travailler la moitié de la journée sans présentateur !

Comment la direction des Sports peut-elle imposer un tel fonctionnement, sans en parler avec ses équipes ? Sous couvert d’innovation, c’est à nouveau le fait du prince, sans concertation ni explication préalable. On choisit de dérouler un tapis rouge en piétinant au passage les règles de travail et les valeurs des équipes qui font « Tout le Sport » depuis plus de vingt ans.

Une décision regrettable et dangereuse dans une rédaction déjà abîmée par un vaste système de collaborations extérieures (les « ménages ») plus ou moins autorisées. Un système honteux qui perdure depuis des années, bafouant l’accord collectif signé par la direction, l’éthique et le sens de l’intérêt général.

Au-delà du service des Sports, comment ne pas être indigné par l’organisation de ce cumul d’emplois et de revenus, au moment même où France Télévisions envoie de nombreux CDD historiques à Pôle Emploi ?

Aujourd’hui, à quelques jours du lancement de la nouvelle formule de « Tout le Sport », ses équipes sont donc mises devant le fait accompli. Elles feront évidemment de leur mieux (et sans passer la moitié de la journée à cachetonner pour le privé…) afin que le JT des sports de France 3 continue à connaître le succès. Car nous restons attachés aux missions et aux valeurs du service public, en dépit de ces privilèges, ces passe-droits et ces rédactions à double vitesse qui ne font que fragiliser l’esprit d’équipe.

 

Paris, le 8 septembre 2017

‘équipe