Bonjour Monsieur le nouveau directeur du réseau régional de France 3. Permettez- nous en guise de bienvenue, cet abécédaire en forme d’inventaire, non point à la Prévert, car il ne sera pas sans queue ni tête mais dans un désordre alphabétique totalement volontaire.
B comme Bienvenue… vous êtes le 3e directeur du réseau régional en 3 ans. Vous souhaiter la bienvenue n’est pas qu’une formule de politesse. C’est un souhait très sincère de réussite car nous en avons besoin : trop de changements en 10 ans. Changements d’organisations, d’organigrammes, trop de centralisation et pas assez d’homogénéité. Les salariés que nous représentons ici s’y sont perdus. Le chantier est vaste.
V comme Virus… le Président de la République l’a annoncé hier soir : c’est le retour du confinement. Mais quel confinement pour le réseau régional de France 3 ? Pas une réduction drastique de l’antenne comme on l’a connue en mars. Pas une proximité noyée dans des éditions grande région ; pas d’interdiction territoriale dans les stations pour les journalistes volontaires pour aller sur le terrain et surtout pas le retour d’expérimentations individuelles, lancées autant pour meubler l’antenne que pour occuper des salariés en mal d’activités et dont la qualité était bien éloignée des exigences d’une télévision de service public.
Et pour le télétravail, inévitable pendant ces quelques semaines, donnons lui, pour le bien-être des salariés toutes les chances d’être autre chose qu’un « travail forcé » à domicile. Tirons les leçons du printemps. Equipons ces salariés de matériel performant et confortable. Ces dernières semaines, les disparités en matière de précaution sanitaire d’une antenne à l’autre font craindre le pire. Les salariés sont en droit d’attendre des protocoles clairs et précis, les mêmes pour tous et une équité entre les antennes.
Et pour la suite, l’après confinement…
R comme Régionalisation… le projet qui porte ce nom, très loin de la revitalisation des antennes régionales de France 3, consiste pour l’instant à ajouter 20 minutes d’informations à 18h30 sans autres moyens. Une pseudo-réforme à marche forcée et sans contours précis ni lignes éditoriales réfléchies voire hâtive et bâclée en temps de pandémie. Pour quel objectif ? L’affichage de temps d’antenne rallongé ? Que l’on « meublera » avec encore du plateau ? Alors que c’est déjà le cas dans beaucoup d’antennes pour la tranche du midi, rallongée à la rentrée dernière. Et avec quelle valeur ajoutée pour nos téléspectateurs noyés dans des grandes régions quand ils réclament de la vraie proximité ?
E comme Emploi… au nom de ces réformes et des injonctions de la tutelle, l’emploi est au cœur de notre travail quotidien. On exige de plus en plus des salariés des régions quand leurs effectifs sont toujours aussi inégaux, notamment dans les rédactions. Et que le plan de rupture conventionnelle collective aggrave ces disparités et réduit la capacité de chacun à faire face à ces changements.
C comme Calendrier… pourquoi imposer cette précipitation dans ces réformes importantes ou ces évolutions technologiques ? Ne pouvons-nous pas dans la période sanitaire qui est la nôtre, où les conditions d’exercice de nos métiers sont compliquées, prendre le temps.
C comme Concertation… car que dire de ces ateliers sur la régionalisation, fixés en partie en pleines vacances scolaires dans un calendrier absurde imposé aux cadres intermédiaires ? Que dire de ces formations à la va-vite comme sur le NRCS ou de ces négociations-laboratoires sur les régies automatisées quand de surplus, la technique connait de gros bugs ?
S comme Santé… celle des salariés fragilisés par ces changements et par une politique RH incapable de résoudre les problèmes de mal être au travail, incapable de protéger les élus face au harcèlement, à l’épuisement parce qu’ils ne sont pas écoutés, incapable de faire disparaitre les petites « baronnies locales » conduisant des salariés au mieux à la démotivation, voire à l’absentéisme, au pire au désespoir.
D comme Dialogue… faisons le pari d’un dialogue social respectueux et arrêtons les grands mots comme la co-construction prônée jusqu’à présent, restée un mot vide et dont la mise en œuvre n’a jamais cessé d’infantiliser les élus de cette instance. Une direction qui a surtout décidé seule et sans aucune concertation réelle
A comme Avenir… s’il est aujourd’hui difficile de pouvoir se projeter, nous attendons de vous un futur proche plus optimiste, plus proche des salariés et des élus de cette instance pour la fin de ce mandat.
Vous aimez les régions, nous dit-on, celles de Radio France, à n’en point douter. Nous espérons que, très vite, avec nous, vous vous attacherez aussi à celles de France 3.
Paris, le 29 octobre 2020