La mort annoncée de l’AITV, agence spécialisée sur l’Afrique de France Télévisions ne ferait pas que des malheureux. L’activité n’a pas cessé que déjà des candidats privés se dévoilent pour occuper les créneaux sur lesquels la rédaction de l’AITV travaille depuis plus de 25 ans et récupérer au passage…… les crédits publics que France Télévisions abandonnerait.
Ainsi, selon la Lettre de l’Expansion, le groupe Afrik.com viendrait de signer un accord avec Canal France International (CFI), dans l’objectif de « se positionner pour reprendre le contrat d’une valeur de 1,7 million d’euros par an que CFI a accordé à l’AITV … ». En fermant l’AITV, Rémy Pflimlin entendrait supprimer également le Journal Afrique produit par cette rédaction et diffusé quotidiennement sur France Ô. Un journal qui répond pourtant aux attentes du public en matière de diversité, une notion dont le président de FTV prétend même faire un objectif.
Qu’à cela ne tienne, si le Service Public renonce à proposer sur la TNT une couverture de l’actualité africaine, d’autres s’en chargeront. Ainsi la chaîne Numéro 23, qui veut mettre l’accent sur les diversités, annonce déjà la conclusion d’un accord avec la chaîne Africa 24 pour la reprise d’un
programme d’information quotidien produit par cette dernière. Il suffit de lire les communiqués des syndicats de journalistes d’Africa 24, pour mesurer la relativité de l’indépendance dont disposent ces confrères et comment la déontologie de la profession est mise à mal par leur hiérarchie.
A la tête de ces entreprises privées, il y a des personnes. Olivier Zegna Rata pour Afrik TV, Damien Cuier pour Numéro 23. Le premier est passé par France Télévisions en tant que chargé de missions puis par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel comme directeur de cabinet d’Hervé Bourges. Il est aujourd’hui encore membre de l’observatoire de la diversité du CSA. Le second était directeur général de France TV sous Patrick de Carolis jusqu’à la fin du mandat de ce dernier en août 2010.
Connivence et conflits d’intérêts semblent bien être à l’oeuvre Le SNJ n’admet pas ce divorce par « consentement mutuel » préparé par France Télévisions et CFI sans opposition des ministères de tutelle. Le SNJ dénonce un abandon des missions et valeurs du Service Public dont la conséquence serait l’enrichissement de sociétés privées.
La perspective de rencontrer d’anciens responsables de France TV recyclés dans le privé parmi ces « repreneurs » est une circonstance aggravante. Au moment où s’ouvre à Ouagadougou le séminaire annuel des radios télévisions d’expression française, le SNJ appelle les pouvoirs publics à ne pas abandonner leurs missions de coopération et à ne pas céder aux pressions d’acteurs privés qui rappellent l’action funeste de
réseaux que l’on espérait disparus.
Paris, le 24 novembre 2013