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JT en danger, personnels en souffrance

Retour de vacances difficile pour les personnels de France 3 Paris Ile-de-France : en quelques jours le rallongement des éditions du matin et du soir les a déjà mis à genoux. Dans la région capitale, toujours en avance sur son temps, fini le : « faire plus à moyen constant », la nouveauté c’est plus avec moins, beaucoup moins…

Avec un conducteur du journal de midi de 3 pages et 2 monteurs en moins, la direction tente à coup de marteau sur ses salariés de faire entrer un rond dans un carré. Avant les vacances, nous faisions déjà l’impasse, faute de moyens, sur des sujets, pourtant incontournables ; nous en sommes réduits à déshabiller le 12/13 et le 19/20 pour habiller ces 14 minutes supplémentaires.

Comme nous n’avons plus de moyens pour faire du reportage dans nos JT régionaux, on cherche tous les jours des invités plateau pour combler le manque… déshabiller les JT de leurs oripeaux pour laisser tout le monde en guenilles, une grande spécialité de notre DR.

Alors que d’autres régions ont tout simplement jeté l’éponge, notre direction régionale, toujours prête à jouer les gros bras, décide de mettre ses équipes au pied du mur, ou plutôt au bord du gouffre ! Le tout réalisé dans une improvisation technique et éditoriale remarquable.

Et ce alors que nos installations techniques, provisoires depuis 3 ans, n’en finissent plus d’agoniser… Les insuffisances et les bugs récurrents de notre station nous donnent le sentiment de revenir aux pires heures de notre retour post-incendie.

Le résultat ne s’est pas fait attendre : une fabrication chaotique et épuisante pour tous et tout particulièrement des monteurs surchargés, pour la plupart en souffrance aiguë après à peine 3 semaines de ce nouveau régime… Et pour notre direction, pourtant alertée par de multiples canaux, pas de surcharge de travail, pas de problème, circulez il n’y a rien à voir !

Alors histoire de charger encore un peu plus l’esquif déjà bien lourd, 2 journées d’éditions spéciales en extérieur les 21 septembre et 10 octobre, ainsi qu’une édition spéciale gilets jaunes de 52’ début novembre, à peine une semaine après la fusion-absorption prévue à la maison de France Télévisions !

Une fusion qui implique un changement complet de workflow pour les personnels, l’apprentissage de nouveaux savoirs et de nouvelles procédures, des JT à blanc à réaliser…

Un Big Bang qui mettra également en danger la rédaction nationale de France 3, puisque nous partagerons le même plateau ainsi que la régie. Nos confrères et consœurs devront préparer leur édition 1/2 heure plus tôt, ce qui ne risque pas d’améliorer la réactivité face à l’actualité.

Ultime phase de ce qui ressemble furieusement à une opération de déstabilisation : le départ précipité du rédacteur en chef, en plein déménagement, suivi de son remplacement par un adjoint et des JRI qui viennent d’apprendre qu’ils n’auront plus de bureau affecté au siège, prémisses de leur intégration dans le pool image du siège.

Après l’absorption de la quasi intégralité des techniciens de France 3 Paris IDF par la Maison FTV, le personnel et donc le budget de la télévision régionale de la capitale se réduit comme peau de chagrin.

En novlangue, régionalisation se traduit donc par centralisation. A quelques mois des municipales, suppression du Soir 3, turnover des rédacteurs en chef, enterrement de 1ère classe de France 3 Paris IDF, choix des sujets qui se fait par les chefs avant la conférence de rédaction, tout est en place pour que le citoyen, bien informé, fasse le bon choix.

Alors, inconscience, frénésie destructrice, allégeance du service public ? Quelle que soit la réponse à cette question, la direction devra en assumer les conséquences.

En envoyant ses salariés dans le mur en toute connaissance de cause, elle ne fait qu’aggraver des risques psychosociaux déjà aigus, après le burn-out dû à la surcharge de travail, voici le brown-out, la perte de sens de nos métiers orchestré par la direction.

Il est temps de dire stop à cette spirale pathogène !

Vanves, le 23 septembre 2019

2019-09-23 VANVES Pour une poignée de minutes