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Préalable SNJ au CSE Siège du 26 janvier 2023

Jusqu’à présent, on pouvait considérer que nous étions dans le procès d’intention. Mais à la lecture du projet Tempo, nous sommes en fait loin du compte. L’intention stratégique entre donc en ce mois de janvier dans sa phase d’information / consultation. Mais au-delà de ces 77 pages indigestes, c’est tout un projet qui a beaucoup de mal à passer. Le point de départ, déjà, est et reste une ineptie.

Non, « Tempo » n’est pas une régionalisation digne de ce nom, c’est une réforme « low-cost ». En illustration, ces mots de la présidente Ernotte en Comité Social et Economique Central. Alors que les élus SNJ affirment ne pas comprendre la suppression des éditions nationales de France 3, pourtant très regardées, la présidente répond en substance : « Certes mais aujourd’hui c’est compliqué de maintenir 2 journaux nationaux le midi et le soir, notamment vis-à-vis des politiques. Il y a une forte pression sur France 3, et Tempo c’est aussi une réponse à cela. Maintenir les éditions nationales ce serait exposer France 3 aux attaques ».

Voilà comment expliquer qu’un soi-disant projet de régionalisation n’est en fait qu’un message envoyé à la tutelle. Et en monnaie d’échange, nous, salariés de la rédaction nationale, nous, acteurs de l’information au quotidien, nous, qui portons haut les couleurs du Service Public. Voilà donc de quoi Tempo est le nom : un sacrifice déguisé en réforme volontariste.

Comme la suppression du Soir 3, comme la fusion des rédactions nationales, comme le 18H30 ou la fermeture de certaines locales en régions. Une politique de gribouille qui nous emmènera dans le mur. En supprimant d’un côté et en ne développant rien de l’autre, c’est bien tout un édifice qui sera fragilisé.
Cette articulation locale, régionale, nationale et internationale qui donnait satisfaction au public est dissoute par Tempo. Et ce que nous présente l’équipe projet aujourd’hui n’a tout simplement aucun sens, aucune direction, et n’a qu’un seul point de départ qui est aussi le point d’arrivée. Un point final à l’histoire des éditions nationales de France 3.  Nous démontrerons dans les débats qu’à chaque page, tout est contradictoire et que surtout, au bout du compte, l’information nationale et internationale telle que proposée aujourd’hui n’aura que très peu de place sur les antennes régionales. On ne comprend rien aux découpages possibles de ces 24 nouvelles tranches, on ne comprend rien sur ce que sera demain le travail des différents services de la rédaction nationale. On ne sait pas ce qui sera produit ici, ni comment, ni pourquoi. Avant de se poser la question de l’avenir de nos emplois, nous pouvons être très sérieusement inquiets pour notre travail, car oui nous avons une conscience professionnelle, contrairement à ceux qui prônent la co-construction en pratiquant la seule destruction.

Rien n’est réellement dit clairement non plus sur les dégâts à venir concernant l’emploi. Que vont devenir les équipes dédiées des journaux (encadrement, scriptes, responsables d’édition, présentatrices), les CDD (par exemple à l’édition), les journalistes qui ne seront plus concernés par les journaux de France 2, dans une maison où le casting n’a jamais cessé ? Le volet « accompagnement » reconnait en creux que nous allons, nous, journalistes et les équipes qui travaillent avec nous, devenir des producteurs de contenus et perdre ainsi ce qu’est l’essence de notre métier !

Nous avons bien fait de refuser l’accord de méthode qui n’aurait fait que reculer l’échéance de ce supplice chinois commencé en juillet 2022.

Depuis ce moment, Tempo pèse au quotidien sur notre vie professionnelle et personnelle. Il n’ouvre aucune perspective, si ce n’est l’encouragement d’un accompagnement vers la sortie. Mobilité, rupture conventionnelle comme issues de secours ? C’est lire entre les lignes peut-être. Mais quand il est écrit « maintien des effectifs actuels » sans saisir ce que sera l’activité de chacun, on y voit sans exagérer un processus de déprofessionnalisation, de déclassification, qui n’a rien de très motivant, loin de là. Le SNJ ne milite pas pour avoir raison. Mais nous avions prévenu des conséquences de la fusion dès sa mise en place. Tempo n’est qu’un prolongement de cette destruction programmée de la partie nationale de France 3.

Mauvais pour le Siège mais aussi mauvais pour les rédactions régionales. Rien de neuf ne sera mis à l’antenne, le tout à moyens constants. Ne soyons pas sans réaction ! face à ce projet qui n’est qu’un deal entre pouvoir et présidence. Ne soyons pas sans voix face à ce sacrifice qui n’a rien d’éditorial. Soyons fiers de ce que nous sommes en nous opposant à ce projet de toutes nos forces.

Paris, le 26 janvier 2023